auscultation

Satsuki arriva devant le pavillon d'hatori. Il était seize heures et elle avait rendez-vous à quinze heures! Elle n'avait pas la moindre idée qu'elle était en retard et souriait comme à son habitude. Elle toqua doucement à la porte et attendit que l'on vienne l'ouvrir. Son bébé bougeait beaucoup ces derniers temps. D'ailleurs, il venait juste de lui donner un coup de pied. Son ventre à présent bien arrondi, tressaillit comme si une main invisible le faisait bouger de l'intérieur. Elle leva un index et dit tout en souriant.

Tsssss! Ce n'est pas très gentil de faire des misères à ta maman , mon bébé! Maintenant, on va aller voir hatori-san, alors tu vas être bien sage, d'accord!

Elle trouva que le médecin mettait longtemps à venir ouvrir et décida de faire le tour pour trouver une autre entrée.

Certes Hatori s'y était attendu quelque part, mais constater une fois de plus l'irresponsabilité de Satsuki le désespéra au plus haut point. S'il s'était agi de Shigure, il se serait vengé du retard avec de bonnes piqûres mal placées. Mais il ne prendrait jamais le risque de blesser un foetus, aussi prit-il son mal en patience et reçut d'autres malades en attendant l'arrivée de la future maman. Juste au moment où il allait appeler quelqu'un pour qu'il aille s'assurer que Satsuki allait bien, celle-ci apparut sur le seuil de son cabinet. Il soupira devant son éternelle et gaie insouciance et s'approcha pour la saluer.

" Bonjour Satsuki. Je suis soulagé de voir que vous allez bien. Vous avez une heure de retard...... " dit-il d'un ton neutre. " Venez vite vous asseoir, inutile de vous fatiguer pour rien. "

Satsuki ouvrit des yeux ronds en entendant qu'elle avait une heure de retard.

Mon dieu! Ne me dites pas que c'était ce week-end le changement d'heure? Ahhhhhhhhhhh! J'ai complètement oublié! Mon pauvre Hiro va être en retard à l'école!

Elle se leva de la chaise où Hatori l'avait faite asseoir et se dirigea prestement ( du moins aussi vite qu'elle le put) vers la sortie. Elle s'apprétait à ouvrir le panneau coulissant lorsqu'elle sentit une main sur son épaule. Elle cria de surprise et se retourna vivement. Son visage était pâle et elle porta une main sur son coeur qui battait à tout rompre.

Elle se sentit alors prise d'un vertige et eut à peine le temps de gagner la chaise avant que tout se mette à tourner autour d'elle.

Hatori-san, je crois que le bébé n'est pas content! Pourtant je lui avait bien dit d'être sage mais apparement, il ne veut pas obéir!

Quoi de plus normal que de voir Satsuki s’affoler d’un retard qu’elle ne pensait pas avoir ? Cette femme était tellement tête en l’air ! Hatori était plus étonné de voir Hiro si débrouillard alors que sa mère était une véritable catastrophe ambulante. Il se frotta le sourcil droit avec un brin d’exaspération et attendit qu’elle s’asseye.

« Ne vous inquiétez donc pas tant, j’ai toujours du travail à faire pendant ce genre de petits creux, quant à Hiro, je suis sûr qu’il est assez grand pour rentrer seul au manoir. Vous avez là un petit garçon très responsable, Satsuki, alors cessez de vous affoler ainsi, ce n’est pas bon pour le bébé. »

Malheureusement la jeune femme ne semblait pas vouloir entendre raison…. Comme d’accoutumée… Elle se leva et rejoignit la porte d’entrée avec rapidité, si l’on considérait son état. Tout naturellement, Hatori se leva à sa suite et lui posa une main sur l’épaule pour lui rappeler sa présence… et l’importance de sa visite médicale !! Mais dans sa maladresse et sa discrétion, il surprit la jeune femme qui se retourna trop vite et fut prise d’un malaise. La voyant blanchir en à peine quelques secondes, le médecin se hâta de la rediriger vers un fauteuil confortable tout en prenant soin de ne pas trop la coller. Ce n’était vraiment pas le moment de se transformer !! Pendant qu’elle reprenait ses esprits, Hatori rejoignit la cuisine et versa quelques gouttes de fortifiant dans un verre de jus de fruits bien frais qu’il tendit à la future maman avec un regard inquiet.

« Vous feriez mieux d’écouter votre bébé, Satsuki ! Il a raison de se fâcher ! Quand allez-vous arrêter de vous agiter ainsi ? Vous en faites trop ! Regardez donc, vous avez failli vous évanouir ! Ce n’est pas raisonnable. » lui fit-il constater d’une voix calme.

Satsuki saisit le verre de jus de fruits qu’on lui tendait et le but d’une traite. Puis elle rendit le récipient à Hatori et dit en souriant à nouveau.

Oui, oui ! Mais vous savez Hatori-san, je vais beaucoup mieux d’un seul coup !

Son sourire s’agrandit encore plus en entendant le nom de son fils.

Ah ! Mon petit Hiro adoré ! Il est si gentil et si attentionné. Une vraie mère poule !

Dans ses yeux brillait un amour sans bornes pour le petit garçon. D’ailleurs celui-ci l’aurait sûrement dénié s’il avait été au courant ! Elle se perdit dans ses pensées d’amour maternel et ne revint sur terre que lorsqu’elle ressentit une vive douleur dans le bas- ventre. Tout à coup, elle vit un liquide s’échapper d’entre ses cuisses et dit joyeusement.

Tiens, on dirait que le bébé a fait pipi ! Hi, hi, hi ! Ce n’est pas très poli, mon futur amour. Que va dire Hatori-san maintenant ?

Elle n'avait pas encore réalisée qu'elle venait de perdre les eaux et que la naissance se faisait imminente à présent.

Hatori soupira doucement de soulagement en voyant Satsuki se calmer et accepter le verre de jus de fruits docilement. Il prit donc la peine de se rasseoir face à elle, reprenant le verre qu'elle lui tendait maintenant qu'elle l'avait vidé. Elle lui dit aller mieux et il se détendit en la voyant reprendre des couleurs. Cette femme était une vraie girouette. Epuisante... Même si son regard restait triste, il s'efforça de lui sourire lorsqu'il vit la joie l'animer à la seule pensée de son fils et le médecin se demanda s'il connaîtrait un jour le même bonheur. C'est sûr que Hiro était une "mère" plus responsable que Satsuki lorsqu'elle se montrait inconsciente - c'est-à-dire 90% de la journée. Le médecin était quasi-hypnotisé par l'admiration que vouait la jeune femme pour son fils lorsqu'un bruit d'eau qui coule le ramena à la réalité. Il vit du liquide glisser le long des jambes de Satsuki et bondit sur ses pieds. Son teint devint blême et pendant un instant, il ressentit comme le besoin d'appeler un médecin avant de se rappeler qu'il en était un lui-même. Mais Satsuki fit encore des siennes et commenta l'événement comme un petit "relâchement" de la vessie du bébé. Hatori se gratta un sourcil en soupirant d'exaspération et en retomba dans le fauteuil... Comment allait-il pouvoir faire entrer un peu de bon sens dans la tête de Satsuki? Etait-ce seulement possible?

Se reprenant en mains, il se releva et aida Satsuki à marcher jusqu'à son long divan où il la força à s'allonger calmement avant de lui placer une paire de coussins sous la tête.

"Satsuki.... Le bébé ne fait pas pipi voyons... Souvenez-vous lorsque Hiro est né, vous avez perdu les eaux. C'est pareil! Vous allez accoucher mais vous allez devoir le faire ici. Il est trop tard pour l'ambulance à présent. Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien." lui dit-il calmement alors qu'à l'intérieur il n'avait qu'une envie: courir très loin!

C'était son premier accouchement et on ne pouvait pas dire que son premier cas était des plus simples avec une mère aussi... originale.

Satsuki regarda le médecin incrédule. Comment ça le bébé arrivait ? Mais il lui semblait pourtant qu’elle ne devait accoucher que dans trois semaines ! L’information fit son bonhomme de chemin dans le cerveau de la future maman et d’un seul coup, cette dernière devint aussi pâle et décomposée qu’Hatori. Elle posa ses mains sur son ventre et murmura.

Mon bébé ? Il arrive ?

Puis ce fut le branle bas de combat. Satsuki se mit à s’agiter dans tous les sens en criant.

Non, non, non ! Ça n’était pas prévu ! Il devait venir que dans un mois !

Elle s’arrêta soudainement et regarda l’homme près d’elle avec un air effaré.

Mon dieu ! Et Hiro ? Il va s’inquiéter si je ne rentre pas ! Et qui va lui faire à manger ? Et le bercer ? Et…

La phrase se perdit au beau milieu d’une contraction. Alors, la jeune femme se rendit à l’évidence. Il était grand temps qu’elle s’allonge pour accueillir le petit être qui demandait à sortir.

Hatori fut soulagé de voir que Satsuki prenait enfin conscience de ce qui lui arrivait. Il commençait à s’inquiéter de la voir s’agiter partout alors qu’elle venait de perdre les eaux ! Toutefois ce soulagement fut de courte durée. Voilà que la femme enceinte jusqu’aux yeux commençait à crier, à courir, à s’affoler !
Le Dragon se demanda comment il allait se sortir de cette situation en se passant la main sur le front ; puis il attrapa doucement mais fermement les poignets de la jeune mère, et dit d’une voix apaisante :

Satsuki, calmez-vous. Ce n’est certainement pas en vous agitant ainsi que vous accoucherez sans danger. C’est vrai, le bébé ne devait venir que dans un mois, mais on ne peut pas prévoir s’il va être prématuré… Tout va bien se passer, calmez-vous, je vous en prie…

Tout va bien se passer, tout va bien se passer, facile à dire ! Hatori ne voyait rien de moins certain, bien qu’il soit évidemment hors de question d’en faire part à la maman d’Hiro.
Bien sûr, il savait tout ce qu’il y avait à savoir en matière d’accouchement pour un docteur, mais entre la théorie et la pratique, il y avait un sacré espace !
La mère arrêta alors ses gesticulations, pour reprendre ses délires inquiets de plus belle. Hatori se promit de rembarrer le premier qui oserait dire que Satsuki était une mauvaise mère. Elle pensait au déjeuner de son fils Hiro alors qu’elle était en plein accouchement !Par contre, il faudrait peut être qu’elle revoit l’ordre de ses priorités…
Le Dragon pâlit en voyant Satsuki coupée au milieu de sa phrase, pressant une main sur son ventre arrondi. Mon Dieu, déjà la première contraction !

Je pense qu’Hiro est largement capable de se débrouiller tout seul. C’est un garçon débrouillard et intelligent, il devinera bien que vous êtes venue ici. Ne vous inquiétez donc pas pour lui. A présent, la seule chose à laquelle vous devez penser, c’est à vous-même et à votre bébé.

Très angoissé, mais toujours aussi calme en apparence, Hatori soutint la jeune femme pour la mener jusqu’à sa table d’auscultation et l’aida à monter dessus.

Allongez-vous, Satsuki. Calmez-vous, respirez lentement.

Une fois qu’elle fut installée, Hatori prit des traversins et les mit derrière son dos, dans une tentative un peu désespérée pour rendre sa position plus confortable. Rien ne traduisait son extrême anxiété, mis à part peut être sa voix un peu plus ténue que d’habitude et son teint blême.
Bon sang, il allait devoir faire accoucher Satsuki chez lui, dans son cabinet, et il avait même du mal à se rappeler ce qu’il devait faire ! Si tant est qu’il puisse faire quelque chose…

La jeune femme se laissa faire sans broncher. Les contractions se rapprochaient de plus en plus, signe que l’arrivée du bébé se faisait imminente ! Suivant les conseils du médecin, elle se mit à pratiquer la respiration du « petit chien ». Cela calma un peu la douleur mais ce fut de courte durée. Déjà, un élancement se faisait ressentir dans toute sa colonne vertébrale lui arrachant un cri strident.

Rahhh, Hatori-san ! J’ai trop mal !

Elle se tordit sur la table d’auscultation et donna, par inadvertance, un violent coup de pied au pauvre homme. Elle criait toujours en se tenant l’abdomen.

Je ne veux pas ! Je ne veux pas que le bébé sorte ! Ça fait trop mal ! Je veux plus accoucher !

Elle se redressa subitement avant de s’effondrer à nouveau sous l’effet des contractions. Elle était à présent en nage. Alors, elle ressentit une furieuse envie de pousser.

Je…je crois qu’il est en train de sortir !!!! Hari-san, aidez-moi !

Hatori commençait sérieusement à paniquer. Il n’était pas certain d’être capable de faire accoucher Satsuki sans danger, mais alors vraiment pas ! Toutefois il n’était plus temps de se poser la question, il devait l’aider. La pauvre femme hurlait de douleur, et lui ne pouvait rien faire pour apaiser ses souffrances, sinon l’encourager pour que tout se passe bien.

Respirez, Satsuki-san ! Tout va bien se pas…

Le coup de pied involontaire de Satsuki lui arriva en plein dans l’estomac, lui coupant la respiration. Le temps qu’il reprenne son souffle, il put voir la jeune mère se tordre de douleur sur sa table d’auscultation et crier qu’elle ne voulait plus accoucher. Le médecin s’affola : la situation lui échappait complètement ! Se ressaisissant du mieux qu’il pouvait, il agrippa les bras de la mère et tenta de l’empêcher de bouger et de la remettre droite. Si elle tombait, elle risquerait de se blesser, elle ou l’enfant.

Ecoutez-moi, Satsuki ! Le bébé va sortir maintenant, c’est obligé ! Il faut juste que vous l’aidiez en poussant, ça ne durera pas longtemps ! Vous ne pouvez pas l’en empêcher ! Souvenez-vous, avec Hiro, comme vous étiez contente après votre accouchement ! Il faut que vous fassiez un effort !

Il espérait que l’accouchement n’allait pas durer trop longtemps, étant donné la violence de ses contractions et qu’il n’avait aucun médicament ici qui pourrait l’aider.
Satsuki se redressa alors brutalement. Le Dragon la retint comme il put, puis recoucha la jeune femme déjà pleine de sueur et la regarda droit dans les yeux.

Il ne faut pas vous inquiéter, d’accord ? Tout va bien se passer, je suis là, et dans un petit moment vous aurez votre bébé dans les bras. Essayez de vous calmez et respirez le plus profondément possible. Voilà, c’est très bien, continuez !

Hatori s’essuya le front, lui aussi transpirait à grosses gouttes. Il ne la quittait pas des yeux et l’encourageait d’une voix forte.

Maintenant, il faut que vous poussiez très fort, le plus fort que vous pouvez ! Allez-y !

Satsuki ne demandait pas mieux de pousser mais la douleur qu’elle ressentait dans le bas du ventre était telle que seul l’instinct la guidait et non la raison. Et pour le moment, son instinct lui dictait qu’elle ne voulait plus accoucher. Cela faisait trop mal. Bien sur, elle état déjà passée par là quand Hiro était né mais depuis le temps, elle avait oublié à quel point tout cela était douloureux. En plus, Hatori-san ne semblait pas vouloir lui administrer un anesthésique ! Elle se tortilla de plus belle.

J’ai mal ! J’ai mal ! J’ai mal ! J’ai…

Le reste de la phrase mourut sur ses lèvres et se figea soudainement. Son visage devint grave tandis qu’une rougeur gagnait du terrain et déformait progressivement les traits de la jeune femme. Elle écarta les jambes d’un seul coup en criant.

Rahhhh ! Hari-san ! Il arrive ! Je le sens !

A peine eut-elle dit cela qu’une petite tête pointait son nez. Il était grand temps que le médecin passe à l’action. Satsuki était à deux doigts de tomber dans les pommes sous l’effort et le bébé était déjà à moitié sorti !

Hatori avait déjà dépassé depuis un moment les limites de l’inquiétude et de l’angoisse. Il était complètement affolé ! Son masque neutre avait complètement disparu, laissant place à un visage blême et un peu égaré. Il avait beaucoup de mal à réfléchir…
Satsuki souffrait énormément ! Il devait faire quelque chose, il y avait sûrement quelque chose à faire !. Il était trop tard pour lui administrer un médicament contre la douleur, et de toute façon il n’en possédait aucun d’assez puissant ici. Il n’avait aucun équipement prévu pour un accouchement ! Bon sang, il se sentait horriblement inutile ! Tout ce qu’il pouvait tenter, c’était de l’encourager et de garder la tête froide.

Tenez bon, Satsuki !

Le médecin avait de plus en plus de mal à la maintenir en place ; la jeune maman bougeait dans tous les sens et manqua de tomber plusieurs fois. Soudain, la jeune femme se contracta, ce qui permit à Hatori de reprendre son souffle, avant que Satsuki crie à nouveau. Tétanisé, le Dragon vit le bout d’une tête. Le bébé arrivait ! Pendant deux terribles secondes, le docteur ne sut plus ce qu’il devait faire et ne put articuler une parole ou un seul mouvement. Puis, très vite, il se reprit et parla d’une voix forte, avec un calme qu’il était loin de ressentir.

Satsuki, je vois le bébé! Il arrive, je vois sa tête, vous entendez ? Il est en train de sortir ! Ecoutez moi bien, surtout n’arrêtez pas de poussez ! Respirez le plus fort que vous pouvez et poussez ! Allez-y, je vous jure que vous pouvez y arriver ! Vous l’avez déjà fait, vous pouvez le refaire !

Le maudit ne savait plus trop ce qu’il disait ; à vrai dire il parlait surtout pour empêcher Satsuki de s’évanouir, ce qui compliquerait singulièrement les choses. Hatori se sentait terriblement impuissant, il s’en voulait, il devait sûrement avoir oublié quelque chose. Si l’accouchement de Satsuki se passait mal, il s’en voudrait toute sa vie !

Ca y est, sa tête est complètement sortie ! Courage, poussez encore, c’est presque fini ! C’est presque fini, un dernier effort, allez-y !

Tandis que Satsuki poussait, on entendit soudain un grand cri strident ! Ouin ! Le bébé était enfin sorti. Une fille ! Aussitôt, la maman tenta de se relever pour voir l’enfant et demanda au médecin.

C’est quoi le sexe du bébé, Hari-kun ? Pourquoi êtes-vous si pâle, il y a un problème ?

Devant le mutisme du jeune homme, Satsuki devint inquiète et commença à se relever pour de bon. Elle voulait savoir ce qui troublait autant le médecin. Elle venait à peine de se redresser qu’une violente douleur la saisit à nouveau dans le bas du ventre. Elle s’écroula sur la table d’accouchement en poussant un cri.

Aaaah ! Ça recommence ! Hatori, qu’est-ce qui ce passe ?

En effet, les contractions avaient repris et la jeune femme se tenait à nouveau le ventre à deux mains en criant de douleur. Tout à coup, une envie de pousser revint la prendre et entre eux halètements de fatigue, une seconde petite tête fit son apparition dans ce monde. Stupéfaite, la jeune maman dit.

Ah ben, y’en avait deux ! Ce n’était pas prévu ça ! Comment c’est possible ?

Hatori vit enfin le bébé sortir complètement de l’utérus. Aussitôt, il coupa le cordon ombilical. Le médecin était soulagé, cela aurait pu se passer bien autrement, et ils s’en étaient plutôt bien tirés.
Tout en voulant annoncer le sexe de l’enfant, le maudit se rendit compte d’un autre problème, auquel il n’avait pas vraiment pensé auparavant : si c’était une fille, il ne pouvait pas la prendre dans ses bras… Comment allait-il pouvoir chercher un désinfectant et laver le nourrisson avec une seule main ?!? Hatori, en constatant que malheureusement, c’était bien une fille, commençait à nouveau à paniquer, quand quelque chose le fit s’arrêter net. Il y avait quelque chose d’anormal… Le placenta aurait dû être expulsé juste après le bébé… Et puis, le ventre de la jeune maman était encore anormalement gonflé… mais alors !...
Satsuki eut juste le temps de remarquer le trouble d’Hatori, qui restait cloué par la stupéfaction, avant de crier face à de nouvelles contractions. Le médecin n’avait plus qu’une envie, crier au secours ! Non seulement le bébé était une fille, mais il y en avait deux !!!
Le Dragon n’allait jamais pouvoir s’en sortir tout seul ! En désespoir de cause, il nettoya à toute vitesse le nombril du bébé, fit un rapide pansement, puis déplaça comme il put (avec une main… pratique !) la petite fille qui braillait du plus fort qu’elle pouvait à côté de lui sur un coussin. Ensuite, il retourna maintenir Satsuki, catastrophé.

Le travail n’est pas fini, Satsuki-san, on dirait que ce sont des jumelles ! Deux petites filles !

Son ton était plus catastrophé que joyeux. Des jumelles ! Il ne manquait plus que ça ! Heureusement, le deuxième semblait disposé à sortir assez rapidement ; après seulement deux contractions, on vit apparaître un bout de sa petite tête. Hatori eut un petit sourire nerveux et épuisé : Satsuki le surprendrait toujours !

Ne vous inquiétez pas, et ne vous arrêtez surtout pas de pousser ! Encore un petit effort et ce sera fini !

En attendant, il était plutôt embêté. La petite fille criait toujours, il aurait dû la laver (elle était pleine de sang)… Il aurait fallu appeler une servante, mais il ne pouvait pas laisser Satsuki… Fort heureusement, les cris de la jeune maman n’étaient pas passés inaperçus. Une servante affolée ouvrit craintivement la porte, et poussa aussitôt un cri de surprise. Hatori, soulagé et exaspéré, lui ordonna :

Dépêchez-vous, venez m’aider ! Prenez la petite et allez la nettoyer !

Satsuki sursauta lorsque la porte s’ouvrit et que la servante cria. La surprise fut telle qu’elle manqua de tomber en bas de la table d’auscultation. Heureusement, elle parvint par miracle à se rétablir et évita ainsi de dégringoler.

Dis, Hari-kun ? Pourquoi est-ce qu’elle crie ainsi ? J’ai pourtant rien fait de mal ?

Tandis que la femme sous la directive du médecin se mettait à laver les nouveaux nés, La jeune maman éjecta le placenta. Elle était exténuée et aurait bien fait une pause si cela avait été possible.

Hatori, il faut prévenir Hiro !

Elle marqua une courte pause avant de reprendre.

Et puis je vais les appeler, Hinata et Rina ! Ne sont-elles pas mignonnes ?

La seconde suivante, la pauvre femme s’était profondément endormie de fatigue et d’émotion, laissant le médecin avec les deux petites filles sur les bras !

Hatori n’en pouvait plus, et s’il n’était sûrement pas aussi épuisé que Satsuki, il était tout de même assez éprouvé. Heureusement, c’était fini, et surtout, il n’était plus seule face à trois filles qu’il ne pouvait toucher que d’une seule main !
Comme il était tourné vers la servante pour lui ordonner de laver les enfants, et qu’il surveillait ses gestes, il relâcha les poignets de la jeune maman, qui, privée de son soutien, faillit tomber. Fort heureusement, elle se rattrapa in extremis, avant que le Dragon ait put esquisser le moindre mouvement.

Bien sûr que non, vous n’avez rien fait de mal ! Vous avez été très courageuse, Hiro et ses deux petites sœurs ont bien de la chance de vous avoir pour mère.

C’était tellement vrai, si on la comparait aux parents des autres maudits comme Yuki ou Momiji…
Le médecin fut soulagé à la vue du placenta (ouf ! pas de triplettes ! c’est qu’elle en aurait été capable !), et s’empressa de nettoyer et désinfecter.
La jeune femme était de toute évidence épuisée, Hatori s’étonnait qu’elle ait encore la force de parler de son fils. Il eut un geste apaisant pour Satsuki qui s’était à demi relevée.

Ne vous inquiétez pas, je vais l’appeler. Reposez-vous, je pense que vous l’avez amplement mérité.

Comme la mère se recouchait docilement, il se dirigea vers la servante et vérifia que les jumelles allaient bien, ce qui était le cas. Elles semblaient chacune essayer de crier plus fort que l’autre ! Hatori refit un peu mieux les pansements sur leur nombril, puis demanda à une autre servante des serviettes pour les emmailloter. Tandis que la femme partait, Satsuki annonça les noms des petites, qui de leur côté commençaient à se calmer grâce à la vieille servante qui les berçait. Elles finirent par s’endormir.
Le Dragon les regardait en souriant ; elles avaient bien de la chance.

Elles sont adorables, répondit-il à Satsuki, avant de se rendre compte en se retournant qu’elle s’était carrément endormie.

Le médecin eut une moue surprise, puis ses traits s’adoucirent en la regardant dormir. Quand elle sommeillait, on retrouvait sur son visage quelque chose des deux petites…
Puis le maudit releva la tête, soupira, fit une ou deux recommandations à la servante, puis sortit pour téléphoner à Hiro sans les réveiller toutes les trois.