rencontre survoltée

Shouta se dirigeait d’un pas lent dans la cour. Il était assez tôt mais aujourd’hui ce n’était pas un petit sourire que l’on pouvait apercevoir aux lèvres du professeur mais plutôt une sorte de moue. Son regard lançait des éclairs et sans un mot, le visage figé il se mit dans un coin de la cour et s’appuya contre le mur.
Là il vit au loin Mayuko une de ses collègues mais n’était vraiment pas d’humeur à aller lui parler, encore moins d’aller l’embêter, ce qu’il aurait fait en temps normal.
Mais aujourd’hui il attendait quelqu’un. Quelqu’un qu’il ne voulait absolument pas voir et qu’il ne pouvait pas supporter.
Cette personne en question était Raya, sa demi-sœur qui pour une raison qu’il ignorait lui avait donné rendez-vous près de l’entrée.
Il ne comptait pas se rendre à l’endroit indiqué, il préférait voir si la jeune femme se perdrait, cela pourrait être presque drôle.

(Bon il est l’heure…dire que à cause d’elle je ne suis même pas motivé pour aller martyriser quelques élèves….)

Cela faisait plusieurs années qu’il n’avait pas eut de nouvelles de la concernée et d’ailleurs il s’en portait plutôt bien.
En effet, on ne pouvait pas dire que c’était le grand amour entre les deux personnes, ils se haïssaient depuis leur toute jeunesse et Shouta avait à plusieurs reprises provoqué des disputes mettant dans l’embarras ses propres parents ainsi que le père de Raya.
Apparemment cette dernière avait déménagé et évidement, c’est dans la ville de Shouta qu’elle avait choisit d’emménager. Il ne savait pas si c’était pour le provoquer mais sa venue n’indiquait rien de très réjouissant.

(Mais pourquoi a-t-elle tenue à ce qu’on se voie ici ?)

Il réfléchissait lorsqu’il vit la silhouette de la jeune femme se dessiner au loin, de l’autre côté de la cour. Il ne chercha pas pour autant à lui faire des signes, et encore moins aller à sa rencontre.
Il se contenta de la regarder du coin de l’œil, se demandant si elle allait le voir. Quelque part, cela ne le dérangerait pas si elle ne le remarquait pas, mais ce n’était pas non plus le but de la rencontre.

Raya marchait d’un bon pas dans les couloirs du lycée. Elle s’était rendue compte, il y a peu de temps, que son « cher » demi frère Shouta était professeur de mathématiques dans le même lycée qu’elle (on aurait tout vu !), et elle avait décidé de lui donner un rendez-vous pour lui annoncer qu’ils allaient devoir cohabiter dans le même lieu de travail. D’ailleurs, cela l'irritait au plus haut point !

* Je vais voir ce petit prétentieux tous les jours… Cet imbécile ! Ce hérisson sur deux pattes ! Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter une telle punition ?*

Elle ne répondit pas à sa propre question, car elle connaissait tout à fait la réponse.
Elle ralentit un peu le pas, elle n’avait pas l’intention d’être à l’heure à ce RDV car elle savait qu’il en ferait autant. Elle n’avait pas envie de lui parler, ni même de le voir, mais elle préférait avoir une discussion en privé avec lui plutôt qu’une scène devant tout le lycée.
Elle sortit enfin dans la cour, et chercha Shouta des yeux près de l’entrée. Evidemment, il n’y était pas. Elle se demanda s’il lui avait posé un lapin. Ce serait tout à fait son genre.
Elle aperçut alors les cheveux en bataille de son demi-frère dans un coin de la cour (elle ne sut pas si elle devait s’en réjouir ou le déplorer), et se dirigea vers lui d’une démarche altière, relevant la tête avec mépris.
Arrivée près de lui, elle le toisa avec arrogance.

Tu n’as pas beaucoup changé, à ce que je vois. A deux ou trois colliers près…

Elle plongea son regard dans celui, hostile, de son interlocuteur, et ne put s’empêcher de lui décocher un grand sourire. Juste pour le provoquer.

J’imagine que tu te demandes pourquoi je t’ai donné RDV ici… Au cas où tu aurais pensé que j’étais venue te présenter mes excuses et te proposer une réconciliation pour améliorer notre relation ou quelque chose dans le même genre, je te rassure tout de suite, je te déteste toujours autant, et ça m’énerve toujours de voir ta sale face de porc épique.

Elle le regarda encaisser l’insulte, lui jeta un regard dégoûté pour illustrer ses propos, et poursuivit.

En fait, je voulais t’annoncer que je suis –depuis hier- professeur dans ce lycée. Comme toi, on dirait.

Elle attendit sa réaction pour poursuivre.

Lorsqu’il la vit arriver, Shouta ne fit même pas un geste pour montrer qu’il l’avait vu. Il regarda droit devant lui, mais lorsque sa demi sœur lui adressa la parole, il ne pouvait plus vraiment l’ignorer. Il la regarda donc, comme si elle gâchait le paysage et ne s’embêta pas à se tenir convenablement. Lorsqu’elle lui dit qu’il n’avait pas changé, il dit d’une manière peu polie :

«Tu n’as pas beaucoup changé toi non plus à ce que je vois ! Toujours un petit air de prétentieuse ! »

Puis, il lui fit un grand sourire. La vue de Raya, ne le rendait pas enthousiaste. Tout ce qu’il avait envie de faire, c’est de prendre la tête de sa demi-sœur, et de l’envoyer contre le mur le plus proche. Ah elle méritait que ça, elle et sa petite tête rousse !
Il s’imaginait déjà la scène lorsque la jeune femme ouvrit la bouche.

(Qu’est-ce que tu as à me dire idiote hein ? Tu viens encore foutre le bordel dans ma vie ? Avec ta sale petite tête de dégénérée !)

Il lui renvoya son regard provocant, en lui faisant bien sentir qu’il ne pouvait pas la voir. Puis, sans un mot, toujours un regard ironique sur son visage, il écouta ce qu’elle avait à dire.

(Ben oui, expliques moi pourquoi tu ramènes ta sale tête ici …)

Puis lorsqu’elle lui proposa de se « réconcilier » il ne pu s’empêcher d’éclater de rire. Un rire froid et fort. Puis, lorsqu’il se fut arrêté, il ne souriait plus. Il se contenta de la regarder, avec une mine de dégoût.

« Tu me fais rire ! Comme si j’allais me réconcilier avec quelqu’un comme toi ! Tu ne te rappelles je n’ai pas de cœur, alors autant te dire que tes réconciliations je n’en ai que faire ! »

Puis, satisfait, il regarda quelques instants derrière la femme, comme si il ne la voyait pas, puis lorsqu’elle annonça qu’elle serait à présent, professeur dans le même lycée que le rapace, ce dernier donna un coup de point sur le mur de derrière lui. Et voila ! Déjà arrivée, qu’il n’arrivait pas à se contrôler lui. Il lui jeta un regard noir et lança :

« Je suppose que c’est une blague ? »

Il savait que ce n’était pas dans les habitudes de sa demi sœur de faire ce genre de plaisanteries mais une petite lueur d’espoir résonnait en lui. Avec un peu de chance, elle était encore plus idiote qu’il l’avait imaginé.

Raya regarda froidement Shouta éclater de rire en entendant le mot « réconciliation ». Elle bouillait intérieurement. Si elle ne s’était pas retenue, elle… elle… elle aurait tondu ses cheveux de hérisson, pour commencer !!!

Je vois que tu n’as pas beaucoup évolué. Enfin, il y a tout de même un progrès, tu parviens apparemment à comprendre tout ce que je dis !

Elle l’observa avec répugnance donner un coup de poing dans le mur à l’annonce de leur cohabitation. Elle aurait bien fait la même chose avec sa tête, tiens ! Elle ignora royalement le regard de tueur qu’il lui lança et lui répondit d’un air fataliste :

Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ?

Elle lui tourna le dos avec dédain, mit les poings sur ses hanches et continua.

Ça ne me plaît pas plus qu’à toi, figure-toi ! Il se trouve que j’avais besoin d’un emploi passe-partout et c’est le poste le moins méprisable que j’ai trouvé pour le moment !

Elle se retourna brusquement, lui planta son doigt sur la poitrine et poursuivit d’une voix accusatrice.

Et puis, qu’est-ce qu’il t’a pris de devenir professeur ? Toi qui n’as jamais su aligner une phrase correcte ! N’importe qui penserait avoir affaire à un élève de premier année en te voyant dans ce lycée !

Avisant son visage mortifié par l'affront, elle décida de le pousser à bout, juste pour voir jusqu’où irait sa réaction ( et puis pour le plaisir de le harceler, aussi ^^).

C’est vrai, de nous deux, c’est toi qui a le moins ta place ici ! Tu devrais toujours être interné dans ton hôpital ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Laisse moi deviner ! Papa t’a coupé les vivres pour te forcer à travailler ? Ou tu t’es engagé pour le seul plaisir de martyriser les élèves ?

Raya ne précisa pas que c’était la raison pour laquelle, elle, elle avait accepté de travailler au lycée…

Shouta répondit par un grand sourire aux paroles antipathiques de sa demi-sœur. A vrai dire, plus que quiconque les paroles de raya ne l’atteignaient pas. Il n’avait que faire de ses phrases acerbes, ils ne les prenaient en aucun cas au sérieux.
Il se contenta donc d’attendre qu’elle ait terminé son petit numéro de méchante avant de répliquer nullement touché :

« Oh oui, c’est vrai que je suis qu’un idiot, qui sait à peine écrire son nom ! Il faut reconnaître que c’est de famille ! »

Puis, il croisa les bras, les muscles crispés, se retenant de ne pas aller cracher au visage de cette idiote de Raya. Cette dernière n’avait pas l’air enchantée également de se retrouver dans le même lycée pour enseigner ce qui fit sourire Shouta. Au moins, cela n’embêtait pas que lui !

« J’avoue que je suis également étonné de savoir que tu ai choisit un poste de professeur, j’aurais cru que ce serait bien trop bas pour une femme aussi distinguée que toi ! Par contre cela ne m’étonne même pas que tu ais été acceptée, ils sont en manque de professeurs en ce moment….et c’est quoi ta matière ? Enseigner à tes élèves comment faire de la french manucure ? »

Il la regarda dégoûté, dégoûté devant cette femme qui avait du sang en commun avec lui. Rien que cette idée lui donnait envie de vomir, et rien que de pensée qu’il allait la voir tous les jours, ne l’enchantait pas le moins du monde.

Il allait lui sortir une réplique bien cinglante lorsque la femme commença à lui parler de son internement. Il lui jeta un regard noir, puis se rapprocha dangereusement un sourire sadique aux coins des lèvres :

« Tu as entièrement raison, je n’aurais jamais du sortir de mon internement, alors autant te dire que je ne suis pas guéri, et donc plutôt dangereux, il ne faudrait pas qu’il arrive un accident malencontreux ma chère… ! »

Puis, il ne dit rien lorsqu’elle lui parla de son père. Bien sur c’était totalement juste mais il n’allait tout de même pas le reconnaître ou s’énerver juste pour satisfaire son bon plaisir. Il dit alors en regardant avec amusement raya :

« Mais mon père à moi, il n’a pas abandonné sa femme lorsqu’il a apprit ma naissance.. »

Inutile de préciser que sa mère lui avait tout racontée en détail l’histoire, tout comme Raya connaissait la sienne. Il n’avait aucune idée si oui ou non sa demi sœur avait reprit contact avec elle mais sinon comment aurait elle su pour son internement ?

Raya regardait Shouta avec une colère croissante, qu’elle parvenait tout de même à dissimuler pour lui offrir un visage parfaitement calme et méprisant.
Aussi quand il lui parla de la matière qu ‘elle enseignait en lui demandant s’il s’agissait de la french manucure, elle lui présenta un sourire tout ce qu’il y a de plus hypocrite et répondit sur le même ton :

Tu n’es pas tombé loin ! Je suis professeur de français… Et sache qu’une femme « aussi distinguée que moi » te fait déjà un grand honneur en te parlant, sale dégénéré ! Bien sûr que j’ai remarqué qu’ils manquaient de professeurs, sinon jamais tu n’aurais atterri ici !

Lorsqu’il la menaça à mots à peine couverts, Raya sentit qu’il était sérieux et qu’il pourrait profiter de sa taille et de sa force par rapport à elle sans états d’âme si elle poussait le bouchon trop loin. Pendant une infime fraction de seconde, elle eut peur de lui, puis son orgueil reprit le dessus ; elle se souvint de ses propres actes, de son mari, de ce qu’elle pouvait accomplir et reprit assurance : c’était elle qui dominerait, toujours. Elle était née chasseresse, le reste du monde, Shouta y compris, n’était que du gibier, des proies que l’on pouvait exploiter avant de tuer.
C’est avec cet état d’esprit qu’elle encaissa la remarque de son demi frère sur sa naissance illégitime.

*Mais où est-ce que ce petit merdeux a appris ça ? Sûrement ma chère mère qui lui a tout dit, comme elle m’a raconté les malheurs de ce pauvre petit Shouta …. Cela ne lui suffisait-il donc pas de me renier, il fallait encore qu’elle pourrisse ma vie en me rabaissant auprès de tout ceux qu’elle connaît ???*

C’était trop. Shouta n’en avait pas conscience, mais il venait de dépasser une limite invisible. Elle ne supportait pas qu’on lui rappelle qu’elle était née d’une erreur, que ses propres parents l’avaient rejetée. Non pas que cela lui ait fait de la peine, au contraire elle se sentait plus libre sans eux, mais cela faisait comme une tache sur ses origines : pour quelqu’un qui se vantait d’être de la bonne société, c’était humiliant. Et pour une personne aussi orgueilleuse et imbue d’elle-même que Raya, c’était absolument atroce d’être humiliée.
Elle sentit monter en elle une irrépressible envie de meurtre, comme seul son demi frère pouvait en faire naître en elle. Cependant, ayant conscience de sa faiblesse en affrontement direct, elle la rangea dans un coin de son esprit, pour la laisser mûrir : elle trouverait bien un coup tordu à infliger à Shouta à la première occasion.
C’est pour quoi elle ne laissa absolument rien transparaître de sa colère sur son visage qu’elle conserva impassible. Elle lui répondit en mettant tout le mépris dont elle était capable dans ses mots, comme on distille du venin.

De toute façon, je ne voudrais jamais d’une mère qui élève ses enfants en leur apprenant à se droguer et à fumer des saloperies comme les racailles des quartiers malfamés !! Mes parents, eux, au moins, appartiennent à la bonne société !

Shouta, dont le visage laissait transparaître son agacement, écoutait sans grande attention la réponse de la jeune femme. Il se fichait de savoir qu’elle soit professeur de français ou d’une tout autre matière, pour lui cela revenait au même, elle restait un problème épineux dans sa vie tranquille. Il haussa tout de même un sourcil en entendant sa demi-sœur le traiter de dégénérer. Il trouvait cela assez déplacé de la part d’une femme comme elle, il faut dire qu’il en avait entendu sur Raya, se doutant bien que elle ne devait pas être très respectable elle non plus.

(Mais tu sais, rien ne t’oblige à me parler espèce d’idiote, c’est toi qui m’a donner rendez vous ici, rappelles toi !)

Le sourire du rapace s’élargi lorsqu’il vit que ses remarques atteignaient sa demi-sœur. Il avait trouvé le point sensible de Raya, et s’en étonna même, il avait trouvé cela bien trop facile. Il jaugea l’enseignante avec dédain, et dit faussement désolé, et ouvertement ironique :

« Oh, excuses moi, c’est sorti tout seul ! Mais qu’est-ce qui ma prit de dire ça !? »

Puis il lui jeta un regard dur. Il n’éprouvait aucune pitié pour un être comme sa sœur. C’était bien une des seules. Il y avait bons nombres de gens qu’il considérait comme inférieur et misérables, mais en règle générale il ne leur portait guère attention. On pouvait prendre comme exemple Gaeyu, que le rapace trouvait insipide et totalement inintéressant. Mais Raya c’était différent, Raya il la détestait. Sa vue lui donnait envie de tout détruire, sa voix de l’étriper, son parfum de vomir. Il ne pouvait pas la supporter, et la raison lui échappait.
Bien sur il y avait qu’elle venait de sa propre mère et non de son père, et Shouta en voulait affreusement à ces deux derniers. Il en voulait à sa mère d’avoir tromper son père, et en voulait à son père pour avoir été assez idiot pour croire aux mensonges de sa femme. Etre issu d’un homme aussi faible le dérangeait.
Mais savoir que Raya était dans la même situation que lui, lui donnait une grande joie et une certaine fierté. Ses parents a lui ne l’ont jamais abandonné.

(Ca te dérange hein que je sache ça !! Allez dis le !)

Mais la jeune femme avait elle-même des sources et Shouta la regarda quelques instants sans répondre, à la suite de sa déclaration. Comment savait-elle ça ? Elle avait sûrement cuisiné leur mère pour apprendre de telles choses. Il ne montra rien de ses états d’âmes et dit d’un ton brusque mais toujours ironique :

« Et encore, tu ne sais rien ça c’est juste l’entrée…le plat principal n’est pas connu de ma mère. Je me demande comment tu t’y es prise pour apprendre tout ça…si je ne te considérais pas comme une être inférieur j’aurais presque du respect pour toi…ce qui n’est pas le cas… »

Puis il sortit une de ses cigarettes qu’il alluma sans quitter des yeux l’enseignante, et lacha quelques panaches de fumée, sans se soucier d’en envoyer sur sa demi-sœur.

Raya dissipa d’un geste agacé les volutes de fumée qui lui venaient dans la figure. Elle avait écouté sans grande attention les derniers mots de Shouta, elle commençait à se désintéresser totalement de la conversation.
Cependant quand il la traita d’« être inférieur », elle tiqua.

Nous n’avons manifestement pas la même notion de l’infériorité. Il se trouve qu’une jeune enseignante veuve et fortunée est considérée par la plupart des gens comme supérieure à un petit prof drogué, psychopathe et sans le sou…

(* Et j’en passe et des meilleures, parce que tu es bien pire que ça, à ce que notre mère a laissé entendre !*)

Bien sur, je comprends tout à fait que ton état mental précaire t’empêche justement de penser comme les gens normaux…

Elle le regarda fumer avec un mélange de lassitude et de satisfaction, puis continua.

Ne t’inquiète pas, je ne dévoilerais rien de ton passé glorieux dans cet établissement. Du moins pas intentionnellement…

(* Ce serait bien trop facile, mon vieux ! Je trouverais bien un moyen de te faire souffrir beaucoup plus qu’en te faisant licencier, bien que ce soit déjà assez honteux dans un lycée bas de gamme comme celui-ci…Fais moi confiance…Je vais y réfléchir sérieusement. *)

Elle sortit de son sac à main un joli flacon de parfum et s’en mit quelques gouttes dans le cou, histoire de recouvrir l'odeur du tabac (ou de la quelconque cochonnerie que Shouta était en train de fumer).
Elle allait ranger la bouteille, lorsque, prise d'une inspiration subite, elle suspendit son geste, sourit d'avance pour ce qu'elle allait faire, puis trébucha « par inadvertance » et aspergea « malencontreusement » et abondamment Shouta du liquide odorant.

Oh, je suis désolééééeee, vraiment, quelle maladresse !

(* Ahaha !!! On te sentira venir de loin toute la journée, mon pauvre !*)

Ne pouvant se retenir plus longtemps, elle éclata d'un grand rire en voyant la tête de Shouta.

Shouta regarda avec amusement Raya essayer de dissiper la fumée lui arrivant en pleine face, sans bouger, continuant de fumer avec calme, fermant les yeux, apparemment satisfait d’apporter à son corps, son taux de nicotine pour l’heure.
Il remarqua que ses paroles atteignaient la jeune femme, avec plus ou moins d’impact.

(Oh, tu pensais peut être que j’allais dire de toi ce que tu voulais entendre ? Mais ça ne se passe pas comme ça ma grande !)

Puis il l’écouta lui répondre avec encore cette même sécheresse dans sa voix et son regard, cette même dureté, qu’elle avait pour toutes les personnes qu’elle ne pouvait supporter. Il lui répondit en haussant les épaules :

« Pour ce qui est de l’argent, je ne sais pas comment tu as été renseigner, mais je ne manque de rien…apparemment tu n’es pas à la rue toi non plus… »

Il regarda avec un sourire aux lèvres les vêtements de marque de la femme, ses bijoux d’un quelconque label très recherché. Il tira une bouffée avant de continuer :

« Penser comme les gens normaux n’est pas très intéressent tu ne trouve pas ? A part si tu te considère comme une personne « normale », libre à toi…et pour ce qui est de mon « passé glorieux », tu peux le répéter à qui tu veux, car premièrement tout le monde te croira en plus de trouver cela entièrement normal, et deuxièmement, ça ne servirais seulement qu’à faire plus parler de moi ! »

(Ce qui n’est pas ton intention !)

Puis il regarda sa demi-sœur lui asperger abondamment de parfum juste en toussant légèrement puis il se dit que ce n’était pas la première fois qu’il recevait quelque chose sur la face venant d’une femme. Il soupira avant de dire :

« Inutile de dire que c’est vraiment une attitude déplorable venant de quelqu’un comme toi, mais bon ne t’inquiète pas, le parfum sera dissipé avant la fin de la journée, je n’en suis qu’à ma premier cigarette. Mais je suis content de savoir que tu te soucis de mon odeur, tu m’aime tellement que ça chère sœur ? »

Puis, il lui fit un grand sourire, et rajouta :

« Bon, on va dire que j’ai autre chose à faire que de parler à quelqu’un comme toi, tu as tout dit ce que tu avais à dire, je te souhaite la bienvenue, voila les politesses sont terminées ! »

Quand Shouta fit allusion à sa situation financière, Raya, suivant son regard, examina ses vêtements : une chemise de lin, une jupe haute couture, des bottes noires à talons hauts et un foulard de soie, bref, pas de quoi s’extasier, pour Raya ces vêtements étaient tout à fait banals. Quant à ses bijoux en or ou diamants 500 carats, ils n’avaient rien non plus d’extraordinaire…

Une « personne normale » ? Oh, non, je ne fais pas partie du commun des mortels… Je suis bien plus que ça… Quant à toi, je ne sais pas trop à quelle catégorie on peut t’associer… Sans doute quelque part entre les psychopathes et les fils à papa drogués…

Devant son peu de réaction face à la vacherie qu’elle venait de lui faire, elle fut un peu déçue, mais n’en laissa rien paraître. Ne supportant plus la fumée que son demi frère se faisait un devoir de lui envoyer en pleine face, elle lui arracha la cigarette des mains, voulut tirer une taffe mais grimaça devant son odeur (c’était tout sauf du tabac !), puis l’écrasa sous son talon.
Elle lui offrit son plus beau sourire pour lui répondre.

Bien sur que je t’aime, mon grand frère adoré ! D’ailleurs, tu ne devrais pas fumer autant, tu mourrais plus vite si tu étais tout le temps en manque de nicotine, tu sais ! Et puis c’est très mauvais pour mon teint.

Elle le regarda lui sourire et lui demander indirectement de partir, et décida alors de rester pour continuer la conversation, juste pour le contrarier, même si elle n’en avait aucune envie.

(* Tu en as marre de moi ? Moi aussi je ne peux pas te voir en peinture! Mais je vais rester, tiens, juste pour le plaisir de voir ta sale tête déçue...*)

Je n’ai pas dit tout ce que j’avais à dire ! Si je t’ai fait venir ici, c’était pour éviter une scène devant les autres professeurs et les élèves. J’imagine que sur le moment tu aurais cassé deux ou trois fenêtres, alors que là, tu t’es juste fait mal à la main sur le mur… Tu vois comme je suis prévoyante avec toi, remercie moi, je viens sans doute de t’éviter un licenciement. Surtout qu’avec la réputation que cela t’aurait fait, tu aurais eu du mal à retrouver un travail pour faire plaisir à papa, hein ?

Elle l’observa avec une grimace, non plus méprisante, mais dégoûtée.

(*Mon pauvre, tu me répugnes à un point que tu n’imagines même pas…*)

Shouta en avait plus qu’assez de cette petite conversation qu’il trouvait plus que futile. Il savait très bien que de Raya et lui, aucun n’était moins têtu que l’autre et que si il continuait, cela risquait de durer indéfiniment. C’est pour cela que à toutes les phrases que prononça la jeune femme, il ne répondit rien. Il se contenta de bailler très bruyamment, sans prendre le soin de mettre sa main devant la bouche.

(Bon tu m’aime pas, je t’aime pas, pas la peine de rester une heurse à parler de choses si peu intéressantes...)

Puis lorsqu’il vit que sa demi-sœur essayait de fumer sur son « joint », avant de le jeter à terre, très calmement il sortit une vraie cigarette cette fois ci, et l’allumant tranquillement, sans regarder Raya, il jeta un coup d’œil à sa montre. Puis, il regarda sa demi-sœur un sourire aux lèvres, se moquant d’elle du regard, toujours sans mot dire.
Il commença à s’éloigner sans expliquer son geste puis il se tourna et dit joyeusement :

« Ah oui, j’tavais oublié toi…je dois y aller vu comme c’est intéressent ici. On aura tout le loisir de se parler plus tard, pour l’instant j’ai pas trop de temps à perdre à rester avec une veuve aigrie qui cherche le réconfort avec chaque homme trouvé.. »

Puis il lui fit signe de la main, la saluant à la manière d’un capitaine de navire, puis commença lentement à s’éloigner une main dans sa poche, l’autre portant à sa bouche la cigarette.

[A toi de voir si Raya le rattrape ou non ^^]

Raya ne fut pas tellement surprise de le voir s'éloigner, et même elle fut soulagée, elle en avait plus qu'assez de cette conversation. Mais elle ne pouvait pas se terminer de cette façon, alors que le fou qui lui servait de demi frère avait l'avantage!!!
En quelques enjambées, elle rattrapa Shouta, lui tira l'épaule pour le retourner face à elle et le fixa dans les yeux avec un grand sourire chaleureux que démentait son regard dur et agressif.

A moi aussi, ça m'a fait chaud au coeur de te retrouver, mon cher demi frère... Mais tu n'allais quand même pas partir sans dire au revoir à une pauvre veuve aigrie?

Puis elle changea de ton et d'expression du tout au tout: sa voix se fit vaguement menaçante, son visage se contracta.

Ici, ce sera chacun chez soi, j'espère que tu avais compris? Si tu ne me crées pas d'ennuis, je tâcherai d'oublier ton existence. Ne me cherche pas, ne me provoque pas, et tout ira bien. Sinon, ce sera la guerre ouverte...

Elle savait qu'elle ne l'impressionerait pas plus que ça et qu'il ne tiendrait aucun compte de ses mises en gardes, mais au moins il ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas été prévenu !
Elle pivota sur ses talons et s'éloigna, avant de se souvenir d'une chose "importante" et de faire demi tour. Un grand sourire moqueur aux lèvres, elle lui prit des mains la cigarette ( une vraie cette fois) et glissa à la place un billet, en faisant bien attention à ne pas effleurer ses doigts (sinon elle serait obligée de traverser toute la cour pour se laver les mains!).

Pour le coiffeur... Il serait temps de tondre tes piquants de hérisson!

Et elle repartit en savourant la cigarette de Shouta. Un fois éloignée de quelques pas, elle ne put résister à la tentation de lui envoyer une dernière pique, sans se retourner.

S'il reste de la monnaie, tu pourras toujours te racheter de véritables cigarettes comme celle-ci, ça t'évitera de te démener pour obtenir 3 grammes de haschich...

[Allez, juste histoire de ! ^^]

Shouta ne fut presque pas surpris de voir sa demi sœur le rattraper et il prit d’ailleurs bien garde à ne répondre à aucunes de ses remarques sarcastiques, le regard fixe, un air étrangement serein sur son visage. Il trouvait cela même amusant la manière dont Raya se démenait pour avoir l’avantage sur lui. Une vraie gamine ! Mais sa rencontre avait eut d bon, puisque il avait gagné un billet de plus.
Il savait d’ors et déjà ce qu’il allait se payer avec l’argent reçu, et malheureusement pour raya, ce n’était pas une nouvelle coupe de cheveux. C’est qu’elle lui donnait de très mauvaises idées, la veuve aigrie !

(Et dire que j’étais presque juste ce mois à cause de mes petits « achats ». Je suis presque content de l’avoir rencontrée celle là tiens !)

Puis, sortant pour la troisième fois de la matinée une nouvelle cigarette, il s’éloigna sans un regard pour la silhouette de Raya qui se dissipait peu à peu, dans la vague idée d’aller vérifier qi il n’avait pas par hasard un cours à donner qu’il n’avait pas encore remarqué.

(Et puis Trois grammes c'est deja bien!)