Rendre service...

Yuki soupira et poussa la porte dela librairie. Il se doutait bien que cette course n'allait pas bien se passer. La facon dont Shigure le lui avait demandé, sa joie lorsqu'il avait accepté, l'etrange mot cacheté... rien de tout cela n'inspirait confiance au rat qui connaissait bien son cousin. Mais, encore une fois, le chien s'etait servit de la naiveté de Tohru pour la manipuler et par ricochet le manipuler lui. Ce qui l'enervait encore plus.

Il n'y avait personne a la caisse, Mayuko etait certainement dans la reserve...
Il s'approcha des rayons et vit un livre sur le jardinage qu'il ne connaissait pas. Il le prit le feuilleta et se decida a l'acheter. Au moins cela aurait servit a autre chose.
Une petite clochette etait posée sur le comptoir. Sans y prendre garde, il la saisit et la fit tinter, ecoutant le bruit clair et leger se repercuter dans toute la boutique. Il la reposa alors et posa le mot de shiguré bien en evidence sur le livre.

[HJ : Edit de Shigure, sur le mot est ecrit :
Bonjour Mayuko ! Comment vont tes amours ? J'ai entendu dire que tu etais avec plusieurs personnes en même temps en ce moment ? C'est bien ! Tu veux pas un troisieme pour completer ? Jamais deux sans trois non ? Je suis sur que cela fera bien rire Hatori lorsqu'il le saura !
J'ai hate que tu me les presente en tout cas ! Je passerais rechercher mes livres demain et j'en aurais d'autres a te commander pour moi et Ha-san.
A demain
Soma Shiguré ]

Mayuko était en train de réceptionner un nouvel arrivage d’ouvrages lorsqu’il lui sembla entendre le tintement de la clochette du comptoir .Elle posa le carton qu’elle avait dans les bras, ramassa le bon de livraison qui traînait à terre et se dirigea nonchalamment vers la boutique. Elle souleva négligemment le rideau de perles qui séparait les deux parties du bâtiment et passa la tête par l’ouverture. Elle tourna la tête en direction du comptoir et aperçut alors un jeune garçon qui lui tournait le dos. Elle s’approcha sans faire de bruit.

« Bonjour, que puis-je pour vous jeune homme ? »

Elle reconnut alors Yuki soma et fut quelque peu surprise. Rare étaient les élèves qui venaient jusqu’à la librairie. A croire qu’elle leur faisait peur. Elle n’avait pourtant rien d’un monstre.

« Ah, c’est toi Yuki ! Quel bon vent t’amène ? »

Avant qu’il n’ait pu répondre, elle vit alors le livre posé sur le comptoir et la lettre qui allait avec. Elle releva le visage et posa ses yeux interrogatifs sur l’adolescent. Puis, elle saisit le morceau de papier plié en quatre, le déplia soigneusement et se mit à le lire.

Au fur et à mesure qu’elle progressait dans sa lecture, ses prunelles s’éclairaient d’une lueur malsaine. A la fin de la missive, elle avait les poings tellement crispés dessus que la feuille manqua de se déchirer en deux. Elle ferma les yeux pour tenter de maîtriser la colère qu’elle sentait monter en elle mais c’était peine perdue. Une veine se mit à battre sur sa tempe annonçant le fin du monde toute proche. Elle chiffonna nerveusement la lettre et le balança directement dans la poubelle.

« Tu diras à Shi…..à ce pervers lubrique que dorénavant…..il devra se trouver une autre librairie pour…..passer ses commandes ! ……..Et que s’il ose passer son…nez ici, je……le TUE ! C’est bien compris !»

Elle avait prononcé ces derniers mots en tapant de toutes ses forces sur le comptoir et fit sauter en l’air le livre que yuki comptait acheter.

Yuki ne fut pas etonné de voir son professeur. Il savait qu'elle travaillait ici, enfin qu'on l'y voyait souvent, tout comme il savait qu'elle etait une amie de Kana et qu'elle connaissait bien Shigure, Hatori et même son frere Ayamé.

...

Mais il n'eut pas le temps de répondre que le professeur avait prit le mot de shigure qui visiblement et comme il l'avait craint n'avait rien d'un mot doux (ou alors si et dans ce cas c'etait encore pire !)

Euh... shiraki-sensei...je...euh...je crois que c'est juste ce que mon cousin voulait que je lui rapporte comme réponse...

Il baissa un peu les yeux.

Je suis désolé j'aurais du refuser de porter le mot.

Il regarda sa liste de courses un peu gené mais ne sachant comme toujours comment exprimer ses sentiments.

Euh...je peux prendre le livre ? Et euh...j'ai une liste de commandes a passer et euh...je dois...recuperer... des livres.

Il le va un regard poli sur elle, et plus calme que son discour pouvait le laisser penser.

En entendant les paroles du jeune garçon, Mayuko se réalisa alors qu’il n’y était pour rien et qu’il avait sûrement du se faire piéger lui aussi par ce fourbe de Shiguré. Elle se calma autant qu’elle le put et fit un sourire pour le moins forcé.

« Ce n’est pas grave ! Je suis sure que tu n’y es pour rien, n’est-ce pas ? »

Elle reprit la liste et soupira de résignation.

« Bon, voyons voir…….Bien, c’est deux là, je peux les avoir pour demain mais le dernier, il devra attendre trois jours de plus ! »

Elle nota la commande dans un cahier spécial et tendit un bon de réception à Yuki.

« Tu donneras cela à qui tu sais. C’est un reçu pour sa commande ! »

Puis elle saisit le livre du comptoir, l’encaissa et le tendit gentiment à son heureux propriétaire. Elle hésita quelques secondes et ajouta.

« Dis moi, Yuki, est-ce qu’Hatori passera également pour venir prendre ses livres ? »

Heureusement le professeur sembla comprendre que ce n'etait pas de sa faute. Il voulut tout de même dire qu'il n'avait pas été piégé par le chien mais par Tohru qui elle se faisait facilement avoir par Shigure mais cela aurait revelé trop de sa vie privée et il n'en etait pas question. Il se contenta de secouer la tête pour repondre et nota les renseignements qu'on lui fournissait sur un bloc note qu'il portait souvent sur lui.

Le rat fut tout de même assez surprit par la reaction violente de Mayuko face a Shigure et du fait qu'elle nomme Hatori. Il ne savait pas qu'elle les connaissait et a quel point.

Veuillez m'excuser, Shiraki-senseï mais vous connaissez Hatori ?

Il laissa planer un silence et repris.

Je ne sais pas s'il viendra, il sort peu du manoir en ce moment et semble toujours tres préoccupé, j'ai peur qu'il ai du travail. Mais peut etre en profitera-t-il pour faire une pause...sinon il enverra Momiji ou Shigure...

Il leva ses yeux violets doux et interrogatifs sur son professeur et lui fit un gentil sourire.

Cela pose un probleme ?

Aux paroles de Yuki, Mayu releva la tête et le regarda pensive. Il est vrai qu’il était trop jeune pour se souvenir d’elle et de Kana….En tout cas, c’est ce qu’elle croyait. Mais elle ne put résister au regard lavande et lui expliqua sans entrer dans les détails surtout ceux concernant Shiguré.

J’ai fait la connaissance d’Hatori à l’époque où il sortait avec ma meilleure amie, Kana !

Elle ouvrit la bouche pour poursuivre puis changea d’avis et se tut. Elle baissa les yeux pour vérifier qu’elle avait bien tout notés et qu’il ne lui manquait aucun ouvrage. Elle serait très gênée, si par bonheur le médecin décidait de venir chercher sa commande, d’avoir omis de lui fournir un volume désiré. Alors Yuki reprit la parole et lui posa une question. La jeune femme secoua la tête en signe de dénégation et précisa.

Non, non ! Tant que ce n’est pas Shiguré qui passe. Et puis si Hatori a trop de travail, je m’en voudrais de le déranger….dis-moi, et si c’était toi qui repassait prendre les livres ?

Yuki apprit alors que son professeur etait une amie de Kana. Il ne connaissait pas bien cette derniere, il l'avait parfois entrapercue mais de loin. Il etait a l'époque encore sous le joug d'Akito et son horizon se resumait a une grande piece noire et a une boite fermée. Par contre il avait vu la tristesse du medecin. Si grande que tous en parlaient encore, si grande qu'on ne l voyait quasiment plus sourire. Mais qu'importe d'une certaine facon il l'avait méritée, apres tout c'etait bien ce qu'il lui avait fait subir a lui...
Il baissa ses yeux violets et repondit calmement.

J'ignorais que vous etiez une amie de Kana-san. Comment va-t'elle ? Je suis sur que l'on serait ravi d'avoir de ses nouvelles au manoir.

Il laissa planer un silence et releva des yeux insondables sur son professeur.

Désolé...je ne pense pas que l'on puisse empêcher Shigure passer s'il l'a décidé vous savez...mais je me proposerais pour repasser si cela vous arrange.

Et voila, il avait encore accepté un service qu'il ne voulait pas rendre ! Pourquoi ne savait-il pas dire non ? Cet imbécile de chat aurait pesté, juré et refusé...tandis que lui se faisait avoir comme un crétin dans le seul but d'obtenir des amis. Pourquoi etait-il incapable d'en avoir naturellement ?

Euh...dites...pourquoi ne voulez-vous pas voir Shiguré ? Il n'est pas méchant au fond vous savez...

Ses yeux prirent une teinte anthracite et une legere curiosité passa dedans avant qu'ils ne se remettent a fixer le sol.

Mayu releva les yeux de son registre et regarda presque tendrement le jeune garçon devant elle. Son éternelle gentillesse et son calme olympien détonaient tellement du caractère frivole et insouciant de Shiguré. A se demander comment ils pouvaient être de la même famille même s’ils n’étaient que cousins apparemment.

Kana ? Elle va bien. Tu sais, elle vient de se marier le mois dernier. Elle est encore sur son petit nuage…

Son visage afficha un petit sourire de contentement en repensant au bonheur nouveau de son amie. Après les épreuves que la pauvre Kana avait traversé, Mayuko était heureuse qu’elle ait enfin trouvé l’amour. Son air serein s’envola bien vite lorsque Yuki eut le malheur de la questionner sur son antipathie envers son cousin. La jeune femme grinça des dents, prise au dépourvu.

Il n’est peut-être pas méchant mais il est terriblement léger et agaçant. C’est comme parler à un mur. Rien ne le touche et quand il a le malheur d’ouvrir la bouche, c’est pour faire mouche à chaque fois avec ses remarques déplacées.

Tout en disant cela, la libraire sentait la moutarde lui monter au nez. Non, rien à faire. Elle ne supportait vraiment pas cet indécent personnage !

Un gentil sourire vint jouer sur les levres de Yuki.

C'est bien, je suis content pour elle.

Mais il devait bien avouer que l'analyse de Mayuko sur Shigure n'etait pas fausse. Le rat le supportait parce qu'il savait qu'au fond, le chien etait bien moins heureux que ce qu'il montrait et parce que les 12 etaient toujours ensemble.

Il a beaucoup d'instinct et aime titiller les gens, mais c'est rare qu'il parle pour ne rien dire. Il a toujours une idée en tête. Pensez y lorsqu'il est en face de vous.

Il sourit a nouveau, il ne disait pas cela pour embeter Shigure mais il ne comprenait pas les gens qui prenaient le chien au premier degres alors qu'il lui semblait evident que même si c'etait un idiot et un pervers, il fallait chercher plus loin que ce qu'il aimait montrer.

Il hésita a nouveau et changea de sujet.

Excusez moi, mais auriez vous des livres a me conseiller sur l'époque que nous etudions en ce moment ?

Ce n'etait pas tellement pour lui mais il avait vu qu'Honda-san avait du mal et voulait lui faire des fiches a reviser avant les examens...

Mayuko le regarda droit dans les yeux se demandant s’il était sérieux ou s’il se moquait d’elle. Puis elle se rappela qu’il s’agissait de Yuki et son expression se radoucit. Entre Shiguré et le jeune homme, c’était bien ce dernier qui était le plus normal ! Cela la rassura. Elle sembla pensive réfléchissant à la question de son élève puis soudainement, elle le saisit par le bras et l’entraîna à travers les rayonnages. Elle finit par s’arrêter devant une grande étagère, se mit sur la pointe des pieds et attrapa un énorme volume proche de l’encyclopédie de par la taille et le pds. Elle le feuilleta en vitesse et le tendit au lycéen.

Tiens, prends ça ! Cela devrait te plaire. Je sais bien qu’il s’agit d’un roman mais l’auteur s’est si bien documenté auparavant que son histoire est très proche de la réalité de l’époque !

Sans attendre, elle claqua le gros livre dans les mains de Yuki. Sous le poids, ce dernier sembla vaciller. Un peu inquiète, Mayu se demanda si elle n’y avait pas été un peu fort.

Ça va ? Je ne t’ai pas fait mal tout de même ? Si tu as du mal à le porter, je peux bien faire une exception et te raccompagner jusque chez Shiguré. Mais attention ! C’est une fleur que je te fais. Pas question que ça devienne une habitude !

Elle reprit le livre, le déposa sur le comptoir qu’ils avaient regagné et donna au jeune homme les autres achats qu’il venait de faire. Elle se chargea du roman et du bon de commande qui était resté près de la caisse.

Yuki soutint doucement le regard de Mayuko, se demandant ce que cela signifiait mais n'ayant rien a se reprocher. Le professeur dut d'ailleurs y trouver ce qu'elle cherchait car elle detourna les yeux avant de le saisir par le bras et de lui mettre un enorme livre dans les mains. Jamais il n'allait reussir a lire tout cela !

Euhhhhhh...merci Shiraki-senseï.

Il la suivit sans mot dire jusqu'a la caisse et paya pour tout. En tant que maudit il n'aurait jamais de problemes d'argent !

Il secoua la tête, il valait mieux que Mayuko reste eloignée des Somas, et de Shigure. Moins elle serait impliquée mieux ce serait !

C'est gentil mais je pense pouvoir m'en sortir seul. Je vous remercie.

Et, prenant ses paquets, il sortit de la boutique.