affrontement

Akito gisait contre le tronc complètement sonné. Il ne s’attendait absolument pas à ce que cette abomination réagisse de cette façon. A présent, sa poitrine le faisait souffrir. Encore sous le choc, il porta machinalement sa main à son torse et vit alors qu’il était blessé et qu’il perdait du sang. Ses pupilles se rétrécirent à cette vue et son esprit perdit pieds dans le chaos de sa folie.

Il tenta de se redresser. Il prit appui contre l’arbre d’une main et de l’autre, il regardait toujours son sang qui s’écoulait. Sa bouche s’ouvrit et un rire malsain en sortit. Un rire qui ne semblait jamais finir. Un rire qui gagna en intensité. Lorsque enfin il se calma, il avisa le monstre devant lui et sans faire preuve d’aucune peur, il s’avança en titubant.

« Pourriture ! Comment as-tu osé porter la main sur ton Dieu ! Tu vas devoir payer pour ça, tu sais. Tu vas souffrir comme jamais tu n’as souffert jusqu’ici, je te le promets ! »

Imperturbable, Akito continuait de progresser lentement mais sûrement vers le pauvre Kyo.

Kyô regarda la plaie sur le torse d'Akito mais ne se sentit même pas coupable. Il était grand temps de lui rendre la monnaie de sa pièce. Dans deux mois ou maintenant, quelle importance finalement? Autant lui montrer que même s'il n'était que le Chat, il en avait dans le ventre et pouvait s'opposer à lui. Ses yeux hagards passèrent du sang de son chef de famille à la patte qui l'avait frappé. Etait-ce vraiment lui? Comment avait-il réussi alors que même s'il faisait le fier, Akito le terrorisait encore? Mais apparemment il n'avait pas encore frappé assez fort puisqu'Akito se releva en titubant pour mieux venir à sa rencontre. Le chat-démon frissonna et fit inconsciemment un pas en arrière. Lorsque l'adolescent ténébreux arbora un sourire sadique en se moquant de lui, Kyô plaqua ses longues oreilles sur son crâne difforme et retroussa les babines en une grimace menaçante. La voix et le calme imperturbable d'Akito lui faisaient de nouveau perdre tous ses moyens... Qu'avait-il fait? Qu'allait-il faire?? Tout était fini... Son corps ne lui obéissait plus, il était paralysé, hypnotisé par l'autorité d'Akito. Complètement perdu, le chat-démon se ramassa sur lui-même ne sachant comment réagir.

Attaquer encore?.....
S'enfuir?...................................
Subir?........................................................

Devait-il arrêter là les dégâts avant qu'il n'y ait plus moyen de faire machine arrière ou jouer le tout pour le tout?
Avec un terrible grondement, il donna un formidable coup de patte à un arbrisseau qui fut déraciné et projeté à travers la porte coulissante du salon donnant sur le jardin.

L’arbrisseau en question passa à peine à quelques centimètres du visage d’Akito mais ce dernier ne fit même pas un geste pour l’esquiver. Sa fureur était telle que tout lui était égal en dehors de l’objet de son courroux. Inlassablement, il s’avançait encore et encore. Il ressemblait à un robot que rien n’arrête. Il arriva à hauteur de Kyo et d’un mouvement d’une extrême rapidité, il le saisit à la gorge d’une main et se mit à serrer davantage de secondes en secondes.

« Je vais t’apprendre les bonnes manières, monstre abject ! Tu vas voir qui est le maître ! »

Il porta sa deuxième main sur ce qui restait du chat et se remit à l’étrangler. C’était comme si toute sa haine envers les douzes était en train de ressortir à cet instant, comme si la mort de Kyo pourrait être une délivrance à sa propre malédiction ! La pluie se mit alors à tomber doucement. Une fine pluie mais encore imprégnée de la froideur de l’hiver et les deux corps entrelacés se mirent à fumer…

Kyô commençait à perdre le contact avec la réalité, son esprit vagabondait sans jamais se fixer sur le moindre pensée. Penser était trop dangereux, penser c'était réaliser une fois de plus son horrible mutation... Il ne réagit même pas en sentant une main sur sa gorge, il ne se débattit pas ni n'appela au secours. La voix d'Akito lui fuit tout de même pousser un sourd grognement mais ce fut tout... Rien qu'un grognement... qui ressemblait peut-être même plus à un gémissement... Comme une prière de mettre un terme une bonne fois pour toutes à ce cauchemar... Peu importe la méthode pour retrouver la paix.

Une deuxième main vint se mettre à l'ouvrage et l'air commença à lui manquer. Il entrouvrit la gueule et avala goûlument autant d'air qu'il le pouvait et dans un réflexe, posa ses deux grosses pattes sur les avant-bras d'Akito. Bientôt la faiblesse commença à engourdir son corps et il plia les genoux, sans force. Oui il valait mieux pour tout le monde que ce soit lui qui parte et non Akito.... La pluie commença alors à tomber doucement et Kyô ferma ses larges yeux violet, remerciant presque le chef de famille du service qu'il allait lui rendre...

Un arbrisseau gisait au milieu du salon. Entendant l'ecrivain sortit la tête de son ...hum...bureau...ou plutot capharnaum et remarqua tout de suite la porte cassée. Il se dit vaguement que Yuki et Kyo s'etaient encore battut avant de se souvenir que Yuki etait alité.
Curieux, il sortit de sa chambre et ses pas le menerent jusqu'au jardin ou il vit Akito en train d'etrangler Kyo.
Il resta une seconde sans reagir, ne sachant quelle attitude adopter. Il fallait sauver Kyo...et ne pas se facher avec Akito.
Il décida alors de jouer la carte de la surprise et s'adossa a l'arbre ou l'Abomination agonisait.

Bonjour Akito-domo. Je suis surprit que vous ne soyez pas passé me voir alors que vous veniez dans les parages.

Il prit un air blessé et tres attristé sans lancer un oeil au chat.

Moi...je suis toujours si heureux d'avoir de vos nouvelles.

L’esprit entièrement fixé sur son objectif, c'est-à-dire en finir avec cette chose, Akito n’avait pas entendu venir Shiguré. Quand ce dernier s’adossa à l’arbre, le chef de famille ne réagit pas plus. Il fallut que le chien lui parle pour qu’il réalise sa présence. Il tourna la tête vers lui. Ses yeux étincelaient d’une joie malsaine et d’un sentiment de victoire totale ! Cependant, l’interruption du jeune homme le contrariait profondément.

Dégage de là, Shiguré ! Tout cela ne te regarde pas !

Puis il retourna à son occupation. Le monstre avait un genou à terre et sa résignation laissait présager qu’il se pliait enfin aux désirs de son maître. Akito exultait.

AH, ah, ah ! Tu te décides enfin à mourir saleté ! Le monde va pouvoir vivre en paix ! Les douze vont pouvoir être à moi, rien qu’à moi !

Les doigts sur la gorge rousse se resserraient encore et encore tandis que le jeune homme partait dans une sorte de délire paranoïaque et morbide.

A moi ! Ils sont rien qu’à moi. Je tuerai tous ceux qui voudront me les prendre ! Oui, c’est ça ! Je tuerai tous ceux qui les approcheront de trop près !

(neko-san m'ayant demandé de sauter son tour, je poste)

Visiblement Akito etait dans l'une des dangereuse crise de folie qui le prenaient parfois. En tant normal, le chien l'aurait laissé faire mais la, c'etait la vie de Kyo qui etait en jeu, et le chat avait beau être stupide, il l'aimait bien en fin de compte.
Il se leva tranquillement et fit mine de partir, mais, au lieu de rentrer au manoir, il se glissa derriere le chef de famille, le saisi par les aisselles en le collant contre son torse tandis que de ses mains il essayait de lui faire lacher prise.

En l'entendant crier, le chien sentit son coeur se serrer. Akito etait vraiment malade. Et puis pourquoi avait il besoin de tous les 12 ?! Lui ne voulait le chef de famille que pour lui, il n'avait aucune envie de partager, même avec ses amis et encore, alors d'autres douzes...

Moi je vous aime, personne ne peux me retenir loin de vous.

Se sentant pris par les aisselles, Akito commença à se débattre comme un beau diable. Il gesticulait dans tous les sens et hurlait comme un forcené. Sa force était décuplée et le pauvre Shiguré avait toutes les peines du monde à le retenir.

Lâche-moi ! Lâche-moi, Shiguré ! Laisse- moi achever cette…chose ! Elle ne mérite pas de vivre, tu le sais aussi bien que moi !

A présent, son visage était déformé par la haine et la pluie de plus en plus forte ruisselait sur tout son corps. Il frissonna. Etait-ce de froid ou de répulsion, difficile à dire. Toujours est-il qu’au prix d’un effort surhumain, le jeune homme parvint à dégager un de ses bras de l’emprise du chien et en profita aussitôt pour gifler celui-ci violement. Il n’avait pas prêté attention aux paroles de Shiguré et en avait assez qu’on le contredise constamment.

Ne t’en mêle pas, siffla-t-il d’une voix menaçante et essoufflée.

Puis il se retourna vers Kyo.

Je vais t’enfermer et ni toi, ni cette sotte de Honda n’y pourra rien !

Il éclata de rire avant de s’arrêter pris d’une violente quinte de toux.

Alors que Kyô se laissait aller doucement à la colère du chef de famille, il vit une ombre se joindre au tableau et chercher à les séparer. Qui pouvait donc être assez fou pour s'opposer à Akito.... et chercher à le sauver? Lui le Chat. Le Démon. Le Maudit rejeté par tous. Il ouvrit un peu plus grand les yeux et même si le manque d'oxygène commençait à troubler sa vue, il put reconnaître Shigure. Ses pupilles se rétractèrent de surprise. Pourquoi le chien intervenait-il? Il n'avait rien à y gagner et au contraire tout à perdre. Il risquait de perdre les bonnes grâces du chef des Sôma...

Et aussitôt que le chien se saisit d'Akito, ce dernier se mit à pousser des cris de protestation et à tourner sa violence envers lui, même si des paroles venimeuses lui étaient toujours crachées au visage.
Lorsque le chef Sôma relâcha enfin son emprise, le chat-démon tomba au sol lourdement, sans un grognement. Il était fatigué, physiquement, moralement, il n'en pouvait vraiment plus... A quoi bon se battre quand rien ne pouvait changer le dénouement de l'histoire? Qui plus est, il ne voulait pas y impliquer Tohru et la mettre en danger en faisant traîner les choses.

C'est pourquoi malgré l'intervention inespérée de Shigure, il poussa un énorme soupir de résignation et prit la parole d'une voix basse, cassée et rendue rauque par les mauvais traitements d'Akito.

" Faites ce que vous voulez, ça m'est égal... J'ai bien compris que je ne pourrais rien y faire.... Enfermez-moi maintenant ou dans un an, ça m'est égal.... Tenez juste Tohru éloignée de tout ça...." souffla-t-il en fermant les yeux, ses griffes tranchant désespérément la terre comme pour tenter de trouver un appui pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Akito repoussa la main de Shiguré d’un geste brusque. Il ne voulait pas de sa pitié, il ne voulait pas que le chat le voie en position de faiblesse. Il tenta de se redresser mais à chaque tentative, il était pris par une nouvelle quinte de toux. A peine arrivait-il à articuler quelques mots. Plié en deux, il posa une main hésitante sur le torse du chien.

Ne me …dit pas…ce que je…dois fai…re ! Va plu…tôt…chercher…Hato…ri !

Puis il lança un regard d’un extrême dégoût sur la créature qui gisait au pied de l’arbre. Qui croyait-il être pour lui dicter ses gestes. Lui, l’insignifiant, le répugnant croyait être en position de décider pour lui et cette mocheté de Honda. Cette pensée arriva à lui arracher un rictus moqueur. Il se traîna jusqu’à Kyô et saisit à pleine main le sommet de son crâne.

Non seu..lement...je…vais te…détruire…mais…je…détruirai…aussi ta…si pré…cieuse…Tohru !

Puis il le lâcha et regarda sa propre main avec répugnance. Il avança en titubant vers Shiguré toujours là et s’essuya dans le kimono du jeune homme.

Rentrons…je suis…fatigué !