Un week-end à Okinawa!

Mayu posa la pancarte « fermée » sur la porte de la librairie, donna un tour de clé et prit son sac de voyage posé à côté d’elle. Elle portait en ce jour, un pantalon de toile bleu pâle et un t-shirt blanc ainsi que ses éternelles baskets. Elle leva les yeux et aperçut Gaeyu qui l’attendait dans sa voiture de l’autre côté de la rue. Elle avait encore du mal à y croire. La veille, il l’avait enfin appelée, après une semaine de silence radio, pour l’inviter à passer quelques jours tous les deux là où elle le désirerait. Ce geste l’avait à la fois étonnée et ravie. Elle avait finalement opté pour un petit hôtel familial dans les environs d’Okinawa (le St Tropez japonais). Son ami s’était occupé des réservations lui demandant simplement d’être prête à partir le lendemain à la première heure !
Alors, elle était là, fidèle au rendez-vous. Elle alla déposer son sac dans le coffre, ouvrit la portière et s’installa à côté de son ami d’enfance. Elle boucla sa ceinture et lui adressa un sourire.

« Bonjour Gae ! Comment vas-tu ? »

Puis la voiture se mit en route. Au bout de quelques minutes à peine, Mayuko sentit ses paupières devenir lourdes et s’endormit comme un petit enfant. Il faut dire qu’elle avait passée une grande partie de la nuit à préparer ses affaires et à présent, le manque de sommeil se faisait durement ressentir. Elle ne put dire combien de temps dura le voyage car lorsqu’elle se réveilla, ils étaient déjà arrivés. On entendait le bruit des vagues qui venaient frappées les rochers, le cri des mouettes….Elle sortit de la voiture et fut submergée par l’air marin. Un air vivifiant et revitalisant ! Elle inspira à pleins poumons tenant d’une main sa chevelure que la brise marine voulait faire s’envoler.

Ensuite, elle vit Gaeyu prendre leurs bagages et tous les deux se dirigèrent vers l’accueil. Là, ils furent reçus par une vieille femme qui leur montra leur chambre. D’ailleurs, elle les prit pour un jeune couple en voyage de noces ce qui fit rougir Mayuko. Rougeur qui s’accentua davantage lorsqu’elle comprit qu’il ne restait plus qu’une seule chambre de libre et qu’elle allait devoir dormir aux côtés de son ami puisque la pièce ne contenait qu’un lit double.

« C’est une plaisanterie, dis moi ? »

Une semaine de silence radio. Jamais Gaeyu n'avait reussi a se tenir si longtemps sans nouvelles de son amie. Mais la peine qu'elle lui avait infligée etait profonde, il n'arrivait ni a comprendre, ni a se pardonner sa réaction, et, de facon certes infantile mais compréhensible, il rejettait sa cukpabilité sur Mayuko.
Enfin, bouder n'etait pas une solution, ce n'etait pas constructif en tout cas. Apres une semaine a esperer que son amie ferait le premier pas, il avait decroché le combiné, fait sans reflechir le numero qu'il connaissait par coeur et lui avait proposé un week end ou elle voudrait.

L'hotel qu'elle lui avait indiqué indiuait presque complet, seule, une chambre, avec un lit double, restait. Gaeyu avait tout de même reservé. Ils n'etaient plus des adolescents, ils pouvaient tres bien faire avec. Puis, vu le prix, c'etait mieux ainsi.

Malgré la froideur dont il avait usé avec elle au téléphone, il etait la, au rendez-vous, en avance même, comme toujours. Il la regarda poser la pancarte sur la porte de la librairie, prendre ses affaires et s'installer.

Bien.

Répondit il simplement a sa question, sans entrer dans les details et demarrant le vehicule.
Tres vite, elle s'endormit. Il lui jeta de fréquents coups d'oeils. Comment pouvait il lui faire la tête ? Elle etait si pure lorsqu'elle dormait !
Le voyage dura un temps assez indéfini, Gaeyu etait perdu dans ses pensées et la route aussi ne s'ennuya-t-il pas. Ils arriverent enfin. Gae, arrêta la voiture et ne bougea pas un moment. Il allait reveiller sa collegue lorsque celle-ci sortit naturellement du sommeil. Le jeune homme sortit de la voiture, prit les bagages et se dirigea vers l'accueil.

La receptionniste fit quelques sous-entendus bien comprehensible qui ne firent même pas hausser un sourcil au professeur. Il prit les clefs et conduisit son amie a la chambre sans rien trahir du trouble qui le saisissait, tout compte fait.
C'est alors qu'elle lui demanda des comptes et il du prendre sur lui pour ne pas se mettre en colere. Il faisait de son mieux, elle ne voulait pas qu'il s'excuse non plus ?!?

Non.

Il respira un bon coup, posa les sacs et regarda la piece.

Tu n'as pas a t'inquieter, Mayu, je dormirais par terre et resterait correct, je pensais que tu m'estimais d'avantage.

Il enleva son blouson, sortant son T-shirt noir de son jean, noir egalement, ouvrit son sac et en sortit un pull gris cendre qu'il posa sur ses epaules au cas ou il aurait froid.

Je vais faire un tour sur la plage, tu viens ?

Mayu s’avança jusqu’à la baie vitrée et regarda au travers. De là, elle voyait la plage et la mer en contre bas. Elle entendit bien Gae s’activer derrière elle mais ne réagit vraiment que lorsqu’il lui proposa une ballade sur la plage. Elle posa son regard sur son sac et dit.

Mais les bagages ne sont même pas défaits !

Elle vit alors son ami prendre un pull et se diriger calmement vers la porte. Elle hésita l’espace d’une seconde ; puis elle s’approcha du lit et s’y laissa tomber comme une masse. Elle bascula doucement sa tête en arrière et sans quitter le jeune homme des yeux, elle le fixa le plus sérieusement du monde.

Dis, tu es encore fâché contre moi ? Parce que je te trouve plutôt distant depuis que nous sommes arrivés !

Elle ne bougea pas attendant une quelconque réponse de sa part. Elle se doutait bien que cette histoire était loin d’être finie mais ne savait pas comment l’aborder sans froisser son ami d’enfance. Alors, elle se releva, fouilla dans son sac et en sortit une écharpe.

Alors, on y va ?

Le jeune homme se tourna en entendant la protestation de Mayuko. Et c'est lui qu'on disait maniaque et rigide ?

Et alors ? Ils vont pas s'envoler, on rangera tout a l'heure.

Il la regarda silencieusement s'approcher du lit et s'allonger dessus. Il eut peur qu'elle s'endorme a nouveau comme dans la voiture. Peut-être etait elle épuisée. Avait elle bien dormi cette semaine ?
Pour être franc il n'avait jamais pensé que ses eleves lui manqueraient autant ni que ce serait si dur d'imaginer Mayuko travailler avec Shouta durant cette semaine de "repos". Il devait bien s'avouer qu'il n'etait absolument pas plus apaisé qu'avant et que rien n'etait clair dans son esprit...il allait sans doutes devoir apprendre a faire avec.

Je ne sais pas Mayu, je crois que faché n'est pas le mot.

Il ouvrit la porte et la laissa passer devant, perdu dans ses pensées. Il ne reagit même pas au sourire entendu de la vieille femme lorsqu'il lui tendit les clefs et resta silencieux jusqu'à ce qu'ils arrivent sur la plage.

J'ai l'impression que tu as peur de moi, que tu te méfies, depuis que je t'ai dit ce que je ressentais pour toi. Et cela me perturbe beaucoup...

Mayu le suivit sans dire un mot. Elle adressa même un sourire complice à la réceptionniste quand ils déposèrent les clés. Ils sortirent, firent quelques mètres et arrivèrent presque instantanément sur le sable. Elle retira ses chaussures, en noua les lacets et les tint à bout de mains. Elle profita de cette action pour réfléchir à la question de Gaeyu. Elle était un peu embarrassée car elle ne savait pas elle-même ce qu’elle ressentait réellement. Elle resta donc silencieuse méditant les paroles de son ami et continuant d’avancer jusqu’à atteindre les premières vagues. Elle regarda l’eau jouer avec ses orteils et frissonna à son contact. Il faut dire qu’à cette époque de l’année, elle n’était pas encore très chaude.

Ce n’est pas que j’ai peur mais c’est la première fois que j’ai ce genre de relation avec un homme et je suis un peu dépassée. De plus, j’ai beaucoup de mal à savoir par moment ce que tu penses à cause de ta réserve naturelle.

Elle lui lança un pauvre sourire désolé et baissa à nouveau les yeux vers ses pieds. Un morceau d’algue brune vint s’y loger. Mayuko s’accroupit pour s’en débarrasser et perdit l’équilibre. Elle se retrouva les quatre fers dans l’eau et fut aspergée par la vague suivante.

Sa reserve naturelle ? Mais... il devait etre reservé, sinon il allait effrayer tout le monde. S'il lachait la bride a ses sentiments, il ne savait pas ce qui allait se passer. Il l'aimait tellement qu'il se sentait capable de toute les folies pour elle ce qui ne le rassurait guere etant donné qu'il savait Mayuko fort capable de le suivre...
Il la regarda distraitement jouer avec les vagues. Ce n'etait pas raisonnable, elle allait se mouiller et elle aurait froid. Or il n'avait pas envie que cette petite virée lui coute un rhume !
Juste comme il pensait cela, Mayuko tomba dans l'eau avant de se faire recouvrir par une vague. Gaeyu, sans se soucier d'enlever ses chaussures ou de les mouiller, s'approcha d'elle et lui tendit la main.

Et bien ce que je pense en ce moment est assez confu. Je suis inquiet de te voir mouillé, partagé entre le desir de rire et celui d'aller te chercher des vêtements secs. En même temps je me dis que j'aurais du parier que tu tomberais tellement cela te va bien.

Il la regarda alors en laissant passer l'amour dans son regard avant de reprendre sa froideur habituelle.

Et tu es tres belle ainsi !

Fit il calmement avant de sourire et de l'eclabousser du pied, l'air plus innocent et serieux que jamais.

Mayuko reçut un jet d’eau salée et lança un regard furibond à son ami. Il trouvait peut-être qu’elle n’était pas assez mouillée comme ça ! Ne voulant pas être en reste, elle plongea la main dans la vague suivante et l’aspergea copieusement par vengeance. Ils se retrouvèrent donc trempée de la tête aux pieds et contraints de regagner l’hôtel pour se changer. Mais la jeune femme n’avait pas dit son dernier mot et quand ils se furent assez éloignés de la mer, elle lui fit un croche-pied et le malheureux s’étala de tout son long sur le sable. Lorsqu’il se releva, des milliers de grains lui collaient à la peau et sur ses vêtements. Mayu le regarda un sourire aux lèvres mais ses yeux ne riaient plus autant qu’avant.

Bien fait ! Fallait pas me chercher !

Elle lui tendit néanmoins une main secourable et l’aida à se relever. Lorsqu’il fut debout, elle le fixa un instant droit dans les yeux puis, elle haussa les épaules et reprit sa marche. Ils allaient quitter la plage quand les narines de la jeune femme furent assaillies par une délicieuse odeur de poisson grillé. Elle inspecta les alentours et vit alors un petit resto ambulant. Le fumet qui s’en échappait rappela à Mayu qu’elle mourrait de faim ! Elle attrapa Gaeyu par le poignet et le tira sans attendre en direction de la bicoque.

J’ai faim d’un seul coup ! Et si nous mangions là-bas !

Gaeyu ne savait pas trop a quoi il s'attendait en eclaboussant son amie, mais il pouvait dire, rétrospectivement parlant, que le geste de celle-ci etait parfaitement prévisible. Ce qui ne l'empecha pas d'être totalement pris au dépourvupar sa réaction et de se trouver trempé. Ils se dirigèrent donc tous deux vers l'hotel pour se changer lorsqu'il sentit un obstacle se dresser soudainement devant ses pieds et il s'etala de tout son long dans le sable. Trempé comme il etait, les grain se faisaient une joie de s'accrocher a son T-shirt, ses mains, ses cheveux...heureusement qu'il avait eu le reflexe de fermer les yeux...
Il roula sur le sol pour s'asseoir et regarda son amie qui semblait contente de sa vengence...même si, curieusement, on ne pouvait pas voir dans ses yeux autant d'amusements que l'on pouvait en attendre.
Le jeune homme saisi la main secourable et se releva avant de passer sa main dans ses cheveux et de les ebouriffer pour essayer de les desabler un peu. Puis, avec un soupire, il ota totalement son haut et s'en servit pour oter les grains de ses mains et de son visage. Quitte a avoir froid, autant être propre !
Surpris, il lui rendit son regard. Il ne savait pas trop ce qu'elle avait en tête ou ce qu'elle attendait de lui. Il faut dire qu'elle avait le chic pour le destabiliser. Il en avait presque oublié qu'il etait faché contre elle !

Ils sortaient enfin de laplage et l'hotel n'etait plus tres loin quand une odeur de poisson grillé frappa leur narine et reveilla l'appetit de Mayuko qui l'attrapa alors par le poignet. Il mit deux pas a réagir mais se repris rapidement et s'arreta, tirant la jeune femme vers lui pour qu'elle s'arrête.
Il la regarda alors dans les yeux avec un sourire attendrit.

Je te retrouve la. Tu m'as manquée.

Il detourna un moment le regard, s'empechant d'en dire plus.

M'etonnerais qu'ils me laissent entrer accoutré comme je suis. Vas donc nous prendre une table et commander ce qui te fais plaisir, je retourne a l'hotel me changer rapidement, te prendre une tenue de rechange et je te rejoins...

Tu as besoin d'autre chose ?

Mayu se regarda vaguement et haussa les épaules. Se changer ? Pour quoi faire. Là où ils allaient, pas besoin de se mettre sur son trente et un. Elle comprit alors que Gae s’était mépris sur leur destination et elle éclata de rire.

Ah ah ah ! Gae ! Je te parlais du vendeur ambulant !

En effet, à côté de la bicoque du resto ambulant, se trouvait un autre établissement plus classieux à l’enseigne lumineuse. Mayuko rattrapa son ami, le prit par le bras et le traîna de toutes ses forces vers son seul et unique centre d’intérêt du moment.
Une fois arrivés, la jeune femme souleva doucement le tissu préservant les clients du vent, enjamba le banc en bois et s’y assis sans attendre son compagnon. Elle commença alors à commander tout de suite un bol de nouilles ramen. Pendant que son plat cuisait, le vendeur leur servit un verre de saké et quelques beignets en guise d’apéro. Mayu but plusieurs gorgées fixant droit devant elle. Elle semblait soucieuse ou pensive et un voile de tristesse pouvait se lire dans ses yeux. Doucement, elle observa son ami du coin de l’œil, prit une grande inspiration et se lança.

Gaeyu ! je crois que nous avons à parler !

Le jeune homme leva les yeux au ciel. Même dans ce genre de bicoque, il etait impoli de se pointer torse nu et plein de sable...mais discuter avec Mayuko lorsqu'elle etait dans cet etat la etait impensable. Il se laissa donc trainer, cachant sa gene derriere des sourcils un peu froncés.
Il passa sous le tissu et s'assit en face de son amie. D'un geste de la tête, il remercia le serveur pour le saké et commenda directement un poisson grillé sans accompagnement. Il n'avait pas tres faim.
Il regarda alors Mayuko qui semblait soucieuse et triste. Naturellement, pour la consoler, il posa sa main sur la sienne, regrettant de ne pouvoir faire plus. Lorsqu'elle lui proposa de parler il hocha la tête, gravement.

C'est juste.

Il se maudit intérieurement de la brieveté et de la froideur de sa remarque mais ne voyait vraiment pas ce qu'il pouvait ajouter d'autre. Il ressentait le besoin de s'excuser et avait d'ailleurs prévu de le faire dans la soirée lorsqu'ils seraient tous deux seuls et au calme, mais puisqu'elle avait prit l'initiative de la conversation, autant la laisser continuer. Il serra tout de même sa main pour lui signifier qu'il n'etait pas aussi en colere qu'il en avait l'air, et vida son verre d'un trait pour se donner du courage.

Mayuko réprima un frisson au contact de la main de Gae sur la sienne. S’il commençait comme ça, elle allait avoir beaucoup de mal à aller au bout de ses propos. Elle avait tant de chose à mettre au point avec lui et son attitude ne l’aidait absolument pas. Doucement, elle dégagea sa main. Elle ne voulait pas froisser son ami plus que nécessaire. Puis, elle saisit la coupe de saké et la vida d’un coup pour se donner du courage.

Bien. Par où commencer ?

Elle réfléchit une seconde et se lança.

Gaeyu, je…euh..je…

Elle se tut. Les mots ne voulaient pas sortir de sa gorge. Ces mots qu’elle avait besoin de dire et ceux qu’elle ne voulait pas entendre. Elle baissa les yeux devant elle et reprit d’une toute petite voix à peine audible.

J’aimerais que nous…arrêtions de nous voir.

Après ça, elle ne bougea plus, ne respira plus. Elle avait peur de la réaction de son ami. Elle venait de le blesser et ils n’avaient pas encore mis le doigt sur LE problème.

Mayuko retira sa main mais Gae ne se douta de rien, il pensa simplement qu'elle voulait tout mettre au clair avant de continuer. Apres tout ils s'etaient deja disputés tous les deux et cela n'avait jamais reellement posé de problemes.
Elle semblait vraiment troublée, et les sourcils du jeune homme commencerent a se froncer. Se pouvait il qu'il y ai autre chose que leur dispute ? Son coeur se mit a battre a tout allure tandis qu'il imaginait les pires choses. Pourvu qu'elle ne soit pas blessée, racketée, qu'elle n'ai rien ! Jamais il ne se pardonnerait de ne pas avoir pu la proteger.

Même sa visionomie, pourtant si peu mobile, affichait son inquietude et sa sollicitude a son amie. Elle hésitait ...pourtant elle etait toujours si sure d'elle...

Lorsqu'enfin, la phrase sortit, Gae n'en crut pas ses oreilles. Il mit bien cinq minutes a comprendre. Son visage se ferma tandis qu'il se sentit mourir. Son rêve n'aurait pas duré une saison...c'etait trop beau, il etait evident qu'il n'etait pas assez bien pour elle.
Mais il ne voulait pas lui faire de scene, elle restait son amie quoiqu'il arrive, elle méritait mieux que cela.

Plus nous voir....du tout ?

reussi-t-il a articuler avec peine, voulant exprimer par la qu'il souhaitait tout de même rester son amie...si elle acceptait.

Puis, comme si quelque chose le poussait a le demander alors que son esprit, son coeur, son instinct, tout son être lui criait de ne pas le faire.

Pourquoi ?

Mayu releva prudemment les yeux quand elle entendit l’exclamation de son ami. Elle s’y attendait mais d’un autre côté, elle n’avait pas cru qu’il oserait lui demander des comptes. D’un seul coup, les mots se firent plus aisés. Elle se détendit, inspira une grande bouffée d’air frais et après s’être assurée que le vendeur ne les écoutait pas, elle se lança à l’eau. Elle prit une attitude grave et plongea ses yeux dans ceux de Gaeyu pour être sure d’être bien comprise.

Tu es un gentil garçon, Gae, mais on n’est pas fait l’un pour l’autre. Je te trouve…comment dire…trop …envahissant !

Elle se tut cherchant les mots juste pour définir ce qu’elle ressentait à cet instant.

Tu n’as pas besoin de me prouver à chaque seconde que tu m’aimes. Ce genre de comportement est étouffant à la longue. J’ai davantage l’impression d’être une poupée dans une vitrine de collection que véritablement une femme. Du moins quand je sors avec toi.

Elle se mordit la langue et se retint de rajouter « par contre avec Shouta… ». Elle le laissa accuser le coup, se doutant bien que c’était là une chose très dure à entendre. Elle fit signe au vendeur de leur servir à nouveau une coupelle de saké et continua.

Moi, j’ai besoin de me sentir vibrer et pas qu’on me mette sur un piédestal comme tu le fait. C’est pour cette raison entre autre qu’il vaut mieux que l’on ne se voit plus du tout !

Pas de soucis, Gaeyu avait bien compris. Tres bien même. Il ne voyait rien a ajouter, rien a dire et même rien a penser. Il lui semblait soudain que plus rien n'existait, que le jour s'assombrissait...enfin bref, il venait dêtre plaqué, ce qui, en soit, n'etait pas une bonne nouvelle, mais en plus de perdre sa plus ancienne amie, la personne avec sa soeur qu'il appréciait le plus au monde.

Son visage n'exprimait rien mais ses yeux n'etaient que douleur. Il laissa le serveur leur passer le saké, voulut prendre la tasse mais tremblait trop et en renversa la moitié sur sa main avant de la reposer sans en avoir bu une goutte.
Il la regarda un moment, ouvrit la bouche pour parler mais se ravisa.

Enfin, il se leva, sans plus prendre garde a sa tenue negligée, alla voir le serveur, paya la commande de May et le sake et partit sur la plage. Une fois seul il s'assit devant les vagues et se laissa aller a la peine qui l'emportait. Les larmes monterent a ses yeux et coulerent sur ses joues.
Il remonta les genous, croisa ses bras, enfoui sa tête dans la cvité sombre et pleura silencieusement, inconscient des regards curieux des rares passants.