Tête à tête!

Mayuko avait suivi Gaeyu sans broncher. Il était vrai que la salle d’arcade n’était le lieu le plus adapté à la discussion qui s’amenait. Ils avaient donc fini leur course dans le parc, sur un banc face à un étang. A cette heure, les passants commençaient à se faire rares. Ils seraient donc relativement tranquilles. La jeune femme se laissa tomber sur le banc et attendit simplement que son ami poursuive la conversation entamée.

Elle repensa à tout ce qu’il lui avait dit à propos de la famille, de l’avenir et d’eux. Elle n’avait rien contre le fait de former une famille. Au moins ainsi, sa mère lui ficherait enfin la paix ! Mais en ce qui était des enfants, le doute était plus vague. C’est qu’elle avait déjà bien assez à faire avec ses élèves…

Elle posa son regard sur la silhouette de Gae et soupira.

Et à présent ? Tu comptes toujours t’en aller ?

Gae la conduisit jusqu'au parc, comme mu par une impulsion soudaine. Il se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur le banc, sans se rendre compte que son amie faisait exactement la même chose.
Il en avait des choses a lui dire mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Il aurait du s'écouter et se faire une liste de points a aborder avant de la voir. Il savait pourtant que lorsqu'il était à ses cotés, il n'arrivait a rien. Ses sourcils se froncèrent. Mayu avait raison, il était trop faible pour pouvoir l'aider. Il devait y renoncer, et c'était tout.
La question de la jeune femme, l'interrompit à ce moment précis de ses pensées et c'est des yeux durs qu'il posa sur elle.

Evidemment ! Qu'est ce qui aurait pu me faire changer d'avis ?!?

Soudain accablé par l'agressivité de son ton, il se prit la tête dans les mains et continua plus doucement, sans la regarder.

Tu vois bien que je ne suis pas capable de me contrôler en ce moment. Les élèves de l'école ont déjà assez de soucis comme cela avec Ayunoka et Fukuda pour en rajouter avec moi. Ils ont besoin de professeurs posés et responsables comme toi...

Au ton sec de la réplique de Gae, Mayuko fronça légèrement les sourcils. Elle était bien plus surprise par la détermination de son ami qu’elle voulait bien se l’avouer. Ainsi, tout semblait décidé. Après tout, elle ne l’avait pas volé ! N’avait-elle pas fait de même avec lui quelques mois plus tôt. Quant à cette histoire de professeurs…

Je ne vois vraiment pas ce que tes collègues viennent faire là-dedans ? Tu devrais faire davantage confiance à tes élèves. Ils ne sont pas aussi stupides qu’il n’y parait, tu sais ! Ils savent bien sur qui ils peuvent vraiment compter !

Elle marqua une petite pause, tourna la tête en direction de son ami et eut un pincement au cœur en le voyant éviter son regard. Elle avait l’impression depuis quelques temps que son monde s’effritait dangereusement autour d’elle et la fuite de Gae ne faisait que renforcer ce sentiment. Avec un soupçon d’angoisse dans la voix, elle poursuivit.

Et tu comptes aller où ? A la campagne ou dans une autre ville ?

Elle commençait à regretter d’avoir accepter cet entretien. Une boule de plus en plus grosse lui nouait la gorge. Prenant sur elle, elle déglutit difficilement.