Réanimation

Non, restez s'il vous plait.

Un silence

J'ai des choses a vous dire.

Contre toute attente, Gaeyu sourit tristement. Il regarda Kana de ses yuex noirs si franc et fit simplement.

Je savais qu'elle allait reagir ainsi. Je l'ai fait expres.

Il fronca les sourcils et s'explica.

Ce matin, enfin, je ne sais pas si c'etait ce matin mais l'autre matin, j'etais sur le toit. J'ai vu Shouta...et sa...soeur je crois. Ils...il a dit que...enfin il m'a parlé de sa nuit avec May...et puis il a dit que...

Il s'etait remis a trembler. Il ferma les yeux, respira profondement. Il fallait qu'il le dise, même s'il ne supportait pas l'idée de douter ainsi d'elle, même si cela ne le regardait pas, même...
Le tremblement s'accentua mais il reussi a parler a peu pret distinctement, detournant le regard.

Il a dit qu'elle se droguait avec lui.

Des larmes perlerent tandis qu'il détournait les yeux.. Tout son visage refletait un intense douleur.

S'il....s'il vous plait....empechez....empechez la de se detruire...

Il se mordi la levre et serra ses draps dans ses poings. Progressivement les tremblments se calmerent. Il regarda alors Kana, perdu, et fit d'une voix plus calme.

Je suis dans un sale etat n'est ce pas ?

Kana stoppa et à la demande de l’homme retourna à son chevet. Il avait à lui parler, et elle-même voulait partager son inquiétude pour son amie. Elle laissa Gaeyu trouver ses mots, en profitant pour s’asseoir à la place laissée par Mayuko. Le médecin leva la tête lorsqu’il lui déclara avoir des choses à lui révéler et l’écouta attentivement. Qu’avait il fait exprès ? Sa tentative de suicide ?
Finalement, il lui parla de ce Shouta, professeur au lycée qu’elle n’avait vu que très rarement. Elle n’approuvait pas sa relation avec Mayuko, mais l’acceptait, l’enseignante devait savoir ce qu’elle faisait. Mais ce que lui apprenait Gaeyu l'horrifiait, et elle fronça les sourcils. Mayuko ? Se droguer ?
Elle déclara d’une voix tremblante :

« Vous en êtes sur ? Enfin vous pensez qu’il disait la vérité ? C’est..c’est horrible ! »

Elle essaya de se reprendre, il ne fallait qu’elle montre son inquiétude. Peut être que tout ceci était vrai, peut être que Mayuko s’était laissé influencer ! Elle avait l’air étrange ces derniers temps….Kana secoua la tête. Non, pas Mayuko, elle ne ferait jamais ca !
Elle eut un sourire pour l’homme avant de lui dire :

« Il est normal que vous vous inquiétez pour elle, mais vous devez vous reposer. Vous êtes encore faible rappelez vous ! Je vous promets de me renseigner sur la question. Si nos craintes s’avèrent justifiées, il faudra agir. Je refuse de la laisser faire ca ! »

Une lueur de détermination traversa les yeux de la jeune femme, et elle oublia pendent un instant que Gaeyu n’était pas bien. Plus douce elle demanda :

« Mais vous est-ce que ça va ? »

Avec la lenteur qu'il mettait a faire le moindre mouvement, Gaeyu se mordi la levre et cilla. Non il n'etait pas sur qu'il disait la vérité. Mais pourquoi mentir ? Personne n'etait aussi cruel sans raison, et Shouta n'avait rien a reprocher a Gae. Ne les avait il pas laissés tranquille tout le temps tous les deux ? Alors mentir...c'etait tellement improbable.
Malgré tout, le coeur du professeur se mit a battre d'espoir. Sentiment presque oublié mais qui le detendit et calma ses tremblements.

Je n'etait pas en etat de savoir si c'etait vrai.

Il detourna la tête. Ne pas penser Mayu parfaite etait comme une trahison dans son esprit fatigué...mais...

Cela ne lui ressemble pas. Mais en ce moment elle n'est pas comme d'habitude...Depuis...

Depuis qu'Hatori l'avait repoussée en fait. Le changement venait de la. Il ne pouvait pas le dire a Kana, ne sachant pas si elle etait au courant, aussi prefera-t-il changer de sujet.

Il faut aussi lui dire que...ce n'est pas de sa faute...pas elle. Faut pas qu'elle culpabilise.

Il fronca les sourcils.

Vous ne semblez pas comprendre.

Une larme coula sur sa joue tandis que son regard se remplissait d'amour pour Mayuko.

Elle seule importe. Elle et les enfants.

Il etait etonnant de voir que le jeune homme, si froid, droit, severe puisse au fond, n'avoir pour seul objectif le bien-être de Mayuko et des eleves. Mais il etait trop perdu pour remettre ce masque d'indifference qui etait habituellement le sien.

aeyu n’était pas sûr que Mayuko se drogue, ce qui laissait une lueur d’espoir à Kana. Apparemment, l’homme avait également remarqué l’étrange comportement de la femme, ce qui montrait à quel point il l’appréciait. Même si le médecin se faisait beaucoup de soucis pour son amie, elle s’en faisait presque autant pour l’enseignant. Malgré les conseils des deux jeunes femmes, il n’arrivait toujours pas à se calmer. Son rétablissement dépendait entièrement de son repos, ce que Gaeyu n’avait pas l’air de comprendre…
Et puis sa manière de designer Mayuko, comme si elle était ce qui importait le plus au monde …comme si rien ne comptait excepter son existence.
Kana connaissait ce sentiment. Pourtant elle n’en trouvait pas l’origine, comme il était si fréquent chez elle. Ce n’était pas pour son mari, bien qu’elle l’aimait de tout son cœur, alors pour qui ?

Gaeyu percevait son incompréhension, cependant Kana ne répondit pas à sa question. Tout ce qu’elle savait c’était que Mayuko était avec Gaeyu, qu’elle l’avait quitté pour un autre (qui en passant s’amusait à raconter qu’elle se droguait avec lui), et que Gaeyu avait fait une tentative de suicide rongé par le désespoir. Mais pourtant elle ne comprenait pas.
La dernière phrase de l’enseignant la fit réagir. Elle se leva d’un coup et dit en haussant la voix :

« Et moi je dis que vous vous trompez ! Je comprends plus que n’importe qui l’affection que vous portez pour Mayuko mais dire qu’elle seule compte ainsi que vos élèves … c’est totalement faux ! Ce que vous avez fait … je ne le comprends pas ! Vous dites ne vivre que pour elle, mais avez-vous seulement pensé à la réaction qu’elle aurait eue si vous étiez mort cette nuit là ? Avez-vous seulement réfléchit à ce qu’elle aurait fait ? »

Elle se tu quelques instants avant d’ajouter fermement :

« Et puis connaissez-vous le sens du terme « Se RE-PO-SER » ? Parce que je vous signale que plus vous vous agiterez, et plus vous resterez sur ce lit d’hôpital ! Et d’âpres ce que j’en ai entendu, ce n’est pas votre attention ! Alors on ne discute plus et on dort ! »

Kana ne pensait pas que de dire ce qu’elle avait sur le cœur lui ferait autant de bien. Plus doucement, elle posa une main sur le bras de l’homme et lui dit à voix basse :

« Vous aussi vous êtes important, et je crois savoir que de vous voir en pleine forme serait un des plus grands souhaits de Mayuko. Et moi je me sentirais mieux de la voir de nouveau heureuse ! »

Elle baissa les yeux :
« Si-il-vous plait, ne prenez pas mal le ton que j’ai employé pour vous parler, je me fais tant de soucis pour Mayuko, et je m’en fais également pour vous… »

Je ne voulais pas !

Fit il, presque en colere avant de rajouter plus doucement.

C'est un accident, je ne voulais pas. Je voulais juste prendre un petit truc pour dormir. Mais j'etais...j'ai pas reflechit...la boite est tombée dans ma main...et je m'etait dit que cela n'aurait pas d'importance, que le nombre ne voulait rien dire.

Il s'interrompit.

Et je me suis reveillé ici. Et j'ai toujours sommeil, je n'arrive pas a dormir. Je suis trop inquiet. je ne me souviens pas de la derniere fois que j'ai dormi ! Et lui...je le deteste. Il est malsain, mauvais, mechant, sadique. Il va la detruire, et moi je ne veux pas.

Le professeur partit alors dans ses souvenirs.

Vous ne comprenez pas, je n'ai pas de souvenirs sans elle. Toujours elle a ete la a me surprendre par sa spontaneité, ses coleres, ses crises, ses rires et ses larmes. Lorsqu'elle est loin je ne suis plus que glace...je ne suis plus rien.

Il se passa la main sur le front.

Je vais dormir, criez pas.

Il sourit enfin, une lueur enfantine de defi passant dans ses yeux.

Et dans deux jours je serais sortit d'ici !

La dessus, il tourna le dos a la jeune femme et ferma les yeux.