Observation

Un trou dans son emploi du temps correspondant à une heure de sport pour la classe du garçon qui hantait ses pensées. Quoi rêver de mieux? Et bien pour Takeshi, rien. Pour lui c'était une chance. Et ce n'était pas un moyen de se rincer l'oeilen regardant le beau Sohma transpirer!! Non, loin de là. Il n'était pas lubrique pour un sou et encore moins pervers. Non. Pour lui c'était une façon de voir Kyo, de s'assurer qu'il allait bien, et aussi avouons le, de pouvoir le dessiner encore et toujours. Son bloc a dessins était rempli de dessins du rouquin. Il était inspiré. IL l'inspirait. Alors pourquoi s'en priver?!! Il ne faisait rien de mal, à part peut être aimer un autre garçon. Mais il ne demandait rien en retour de toute façon. Il ne lui demandait pas de l'aimer. Non. Il aimerait peut être juste pouvoir exister pour lui. Ne serait-ce qu'un peu. Mais en même temps, Taki craignait qu'être proche de lui ne fasse plus mal. Parce qu'il était bien conscient que le rouquin ne l'aimerait jamais de la même façon dont lui l'aimait. Pourquoi son premier amour devait être un autre garçon? Et en plus inaccessible....

Soupirant doucement, il s'installa dans un coin d'herbe, observant le terrain de sport où se disputait une rageuse partie de basket. Kyo était un garçon déterminé, ça, Takeshi l'avait parfaitement remarqué. Il était aussi plein de hargne, et il y avait toujours cette lueur mélancolique dans ses beaux yeux couleur rubis, une lueur que le blond souhaitait voir disparaitre à tout jamais. Soupirant de nouveau, ne faisant pas attention aux regards de certains élèves de la classe du rouquin, il attrapa son calepin et son crayon et laissa sa main aller à sa guise, esquissant d'abord, puis redessinant réellement les traits de Kyo aussi parfaitement que s'il s'agissait d'une photo.....

Soren avait décidé de sécher le cours de maths. Il n’avait pas envie de voir Fukuda-sensei aujourd’hui, et se promenait donc tranquillement dans le lycée, sans se soucier du fait qu’il risquait des heures de colle si un professeur le coinçait alors qu’il avait cours.
Bah, ça n’était jamais qu’un cours, et encore il n’était même pas sûr que les heures de maths avec Fukuda-sensei pouvaient prétendre au nom de « cours ». Il n’aurait même rien à rattraper, alors, pas de quoi en faire un fromage… jolie expression, nota-t-il au passage.
Soudain, il eut envie de se promener dehors. Les mains dans les poches, il s’aventura du côté du terrain de sport. Le vent faisait doucement voler ses mèches noires, il avait les yeux fermés pour mieux profiter des rayons du soleil (il trébucha d’ailleurs plusieurs fois, et faillit se prendre un poteau). Il pensait à sa nouvelle vie dans ce lycée, à sa classe, à Ryu qu’il commençait à connaître, à Hikaru qu’il adorait déjà… Il rêvassait.
Il vit alors qu’une partie de basket avait lieu un peu plus loin, et n’ayant décidément rien de mieux à faire (à part peut être suivre un cours de mathématiques…) il s’approcha pour en suivre le déroulement.
En marchant dans l’herbe qui entourait le terrain, il aperçut un garçon de son âge assis un peu plus loin. En déduisant aussitôt que lui aussi avait dû sécher, il décida d’aller s’ennuyer avec lui. Il s’approcha donc par derrière, involontairement silencieux. Il vit alors le dessin du jeune homme, et s’exclama :

Ca alors, tu dessine drôlement bien ! Mais…

Penchant la tête sur le côté, il continua :

…c’est Kyô Soma ! Tu le connais ?

Puis, sans gêne, il s’assit à côté du lycéen et lui tendit la main.

Je ne me suis pas présenté ! Je suis Shetowa Soren. Et toi, tu es nouveau ?

Concentré sur son dessin et sur son modèle préféré, Takeshi se laissait aller à son art. Quand il dessinait, il se sentait bien, libéré de tous ses soucis. Alors il dessinait, commençant à connaître par coeur chaque trait de son Kyo, chaque parcelle de son visage, chaque imperfection, chaque courbe, tout ce qui faisait qu'il était Kyo, il le connaissait par coeur. Il avait même déjà eu l'occasion de pouvoir le voir torse nu et il en avait été si troublé, il en avait tellement rougi qu'il n'avait pas osé promener son regard sur lui pour le dessiner. Il avait préféré détourné le regard. Et maintenant, il le regrettait, il avait été trop bête, il était sûr qu'il aurait pu faire un magnifique dessin....

Et voilà pourquoi, quand Soren arriva silencieusement derrière lui en jetant un oeil par dessus son épaule, il ne masqua pas son dessin. Et à son commentaire, il sursauta, visiblement très surpris. Il n'avait pas l'habitude d'être ainsi dérangé. Son regard froid et dur se posa sur le garçon qui venait de s'asseoir près de lui, regardant toujours le dessin, et il reconnut Kyo. Taki aurait volontiers piqué un fard s'il n'avait pas appris à se contrôler. Mais là, il devait faire quelque chose rapidement qui ne pourrait pas mettre la puce à l'oreille de son camarade. Comme cacher son dessin. Ca, ce serait stupide. Alors tout simplement, il se contenta d'hocher la tête.

" Oui, c'est Kyo Sohma. Mais je ne le connais pas. C'est juste mon modèle du jour " fit-il en adressant un gentil sourire à son camarade, posant enfin ses yeux sur lui même s'il lui était difficile de quitter son Kyo du regard. Il referma son bloc à dessins et garda ses bras dessus. A la main tendue, il s'en saisit et la serra avant de la lâcher.

" Kagami Takeshi. J'suis arrivé au début de l'année scolaire en fait. " annonça-t-il avant de reporter son attention sur Kyo. A nouveau le rouquin avait cet air déterminé sur le visage. C'était toujours ainsi dès qu'il se trouvait à affronter Yuki Sohma. C'était étrange. Nombreuses étaient les fois où Taki l'avait entendu dire et hurler qu'il voulait battre le 'prince'. Et son regard était si profond, si hargneux que c'était comme si sa vie en dépendait. Et Taki eut un pincement au coeur, son attachement pour ce garçon ne faisant que se renforcer, approfondissant par la même occasion l'amour qu'il ressentait.

Déglutissant, il finit par détourner le regard, ne voulant pas paraitre trop intéressé et reposa son regard miel sur Soren.

" T'as aussi un trou dans ton emploi du temps pour venir traîner ici? "

Soren déposa un regard admiratif sur le dessin du jeune homme. Trait pour trait, on reconnaissait le Soma aussi précisément que s’il s’agissait d’une photo. Le lycéen fut un peu déçu que le garçon cache son œuvre, mais il n’en laissa rien paraître et lui serra la main avec vigueur en tentant vaguement de mémoriser son nom, peine qu’il savait perdue d’avance. Il ne fut pas le moins du monde déstabilisé par sa réponse ; de toute façon Soren découvrait régulièrement l’existence de personnes qui vivaient tout près de lui.

Ah bon ? Bizarre, je t’avais jamais vu. Pourtant tu as l’air d’être en terminale, alors tu dois être dans ma classe… J’aurais dû te remarquer. Etrange…

Le garçon se gratta la tête en faisant mine de réfléchir, ce qui n’était absolument pas le cas, puis s’allongea dans l’herbe, les bras croisés derrière la tête.

Bah… Ce ne sera ni la première ni la dernière chose que j’aurai zappée, t’inquiète pas pour ça.

Soren ferma un moment les yeux, profitant de la chaleur sur son visage, puis les rouvrit à moitié. Takeshi semblait passionné par le match de basket qui se déroulait un peu plus loin.

Pourquoi tu ne vas pas jouer avec eux ?

Le terminal les regarda à son tour, mais détourna bien vite la tête: le sport ne l'avait jamais passionné. Ensuite il se redressa et eut un sourire étrange à la question de l’autre.

On peut dire ça comme ça…

Son regard tomba alors sur le carnet que le jeune homme serrait contre lui. D’autres dessins, sûrement. Sans penser une seconde que Takeshi ne serait pas d’accord, il demanda en montrant le cahier:

Ce sont d’autres dessins ? Je peux les voir ?

" Non, je crois que nous sommes dans deux terminale différentes " répondit-il, sûr de lui, ne se souvenant pas avoir vu Soren en cours. De toute façon, il ne regardait pas vraiment les autres, préférant paraître froid pour pouvoir se protéger des autres. Seul Kyo comptait. C'était stupide. Parce qu'il en souffrirait. Peut être que sa rencontre avec Soren était une chance de se tourner un peu plus vers les autres, de vivre un peu plus pour lui et moins pour le rouquin...

Un regard à Kyo, et toutes les certitudes du blond fondirent comme neige au soleil. Lui il aimait vivre pour le Sohma. Ou plutôt, en vivant pour lui, il avait une raison de se lever le matin. Parce qu'il savait qu'il le croiserait dans la journée, qu'il entendrait peut être sa voix, et peut être même qu'un jour, il ferait attention à lui. Peut être qu'un jour, ce serait lui qu'il saluerait et pas un autre. Peut être qu'un jour il existerait réellement.

Soupirant doucement, il sursauta légèrement quand Soren lui demanda pourquoi il n'allait pas les rejoindre. Echappant un léger rire, il secoua la tête. Déjà, c'était une heure de cours, donc il n'avait pas à s'inviter dans le jeu. De plus, il ne voulait pas se retrouver avec Kyo devant les autres. Il serait trop mal à l'aise. Et il aurait l'air stupide.

" Le sport c'est pas trop mon truc. Je préfère regarder, c'est moins fatiguant " annonça-t-il en souriant.

Mais son sourire disparut bien vite quand Soren se montra un peu trop curieux à son goût. Lui montrer ses dessins? Hors de question !! Il resserra possessivement son carnet contre lui et lança un regard noir au garçon sans le vouloir.

" Non!! " lâcha-t-il un peu trop violemment avant de se rendre compte qu'il n'avait pas à lui parler comme ça. " Désolé.... c'est que... je ne montre jamais mes dessins.... à qui que ce soit.... je suis désolé "

Il baissa les yeux avant de les relever vers la partie de basket , une petite lueur triste dans le regard. Si Soren voyait tous les dessins qu'il avait fait de Kyo, il se douterait de ses sentiments, et ça se saurait dans toute l'école. Et là, jamais le Sohma ne l'approcherait. Il le prendrait pour un pervers, un fou.... et ce serait pire que la mort.... bien pire que d'être détesté par celui qu'il aimait.

Soren haussa un sourcil. Il n’y avait pas tant de classes de terminales que cela… bah, ce n’était pas important. En fait, ce n’était pas tellement le fait d’être dans la même classe ou pas qui le perturbait un peu, c’était plutôt le ton froid qu’utilisait Takeshi pour s’adresser à lui. Toutefois, il décida de ne pas s’en formaliser, et fit comme s’il ne s’en rendait pas compte.
Ne sachant plus que dire, il se tut, ferma les yeux, et repartit dans ses rêveries. Il oublia tout de suite l’impression désagréable d’être ignoré ou pire, rejeté, et sombra avec délices dans son monde imaginaire. Il faisait beau, le soleil lui chauffait doucement la peau, l’herbe lui chatouillait le cou… C’était décidé, il reviendrait ici à chaque cours de maths !
Le jeune homme haussa les épaules à la réponse de son camarade.

Moi non plus à vrai dire. Forcément puisque je suis un lézard.

Complètement inconscient du fait que ses paroles n’avaient aucun sens, Soren continuait la conversation. Le refus de Takeshi le surprit profondément d’abord, puis le blessa sans qu’il veuille l’avouer.

Ah… Ben, tu fais comme tu veux.

Le sentiment d’hostilité qu’il avait ressenti il y avait quelques minutes lui revenait en force, il pouvait presque sentir son amertume dans sa bouche. Son visage se décomposa, ses yeux se voilèrent. Oh, il avait l’habitude d’être repoussé, étant donné qu’il n’était pas ce qu’on aurait pu qualifier de « normal », mais il avait pensé que Takeshi était un peu comme lui, quand il l’avait vu, avec son regard rêveur perdu au loin…
Mais à y réfléchir, Soren aurait détesté que quelqu’un puisse s’infiltrer dans ses rêveries. C’était son monde à lui ! Peut être que celui de Takeshi se résumait dans ses dessins ? Alors c’était une réaction normale, il n’y avait pas de quoi se vexer.
Ravi de cette conclusion, le lycéen lui adressa un grand sourire rayonnant, complètement hors sujet pour ceux qui n’avaient pas pu suivre le cours de ses réflexions, c’était à dire pour tout le monde.
Puis Soren tenta tant bien que mal de relancer la conversation.

…T’aimes pas le sport, t’aimes bien le dessin. Et à part ça, tu fais quoi pendant ton temps libre ?

A ce moment là, un papillon vint voleter sous le nez de Soren, le faisant éternuer. Le lycéen éclata de rire, et oublia aussitôt la question qu'il venait de poser.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Takeshi en entendant le jeune homme à ses côtés lui dire qu'il était un lézard. Il était étrange... mais si rafraîchissant.... lui qui d'ordinaire ne parlait jamais à qui que ce soit, se voyait sourire avec naturel avec un garçon qu'il venait de rencontrer. C'était si plaisant. Si nouveau qu'il en était perturbé. Et cette petite perturbation le fit rougir.

" Un lézard ... " répéta-t-il dans un murmure. " Tu aimes le soleil et les longues siestes... " analysa-t-il en esquissant un nouveau sourire timide en se rendant compte que lui aussi aimait les longues siestes à l'ombre d'un arbre, dans le jardin de ses parents, en été. Il prenait une couverture, et un livre, et finissait toujours par s'endormir. Mais il aimait ça. Et il se mit à rougir à nouveau avant de se braquer face à un Soren qui souhaitait juste pouvoir regarder d'autres de ses dessins. Et il aurait su qu'il avait blessé le jeune homme, il s'en serait voulu. Parce qu'il n'avait pas voulu lui faire du mal en refusant de lui montrer ses dessins, il voulait juste sauvegarder son secret, pour ne pas être découvert, pour ne pas être moqué et humilié.

C'était déjà dur quand on était adolescent et qu'on tombait amoureux, mais quand on tombait amoureux d'un garçon alors qu'on en est un soi-même, c'était pire que tout. Et Soren semblait gentil, et si rêveur, si... différent, qu'il ne voulait pas se faire haïr à cause de ses sentiments anormaux. Ceci dit, il avait bien vu la lueur sombre passer dans le regard de Soren, voilà pourquoi il s'était empressé de s'excuser en rougissant d'avantage, peu coutumier des relations humaines. Il craignait que le garçon se fâche et s'en aille, mais le sourire qu'il lui offrit le troubla au point qu'il détourna les yeux, se sentant presque au bord des larmes tellement il était dépassé par la situation. Il préféra reporter son attention sur Kyô histoire de se raccrocher à quelque chose qu'il avait l'habitude de voir avant de soupirer doucement pour reporter son regard sur le jeune homme à ses côtés qui osait reprendre la conversation avant d'éternuer.

Et de le voir ainsi rire pour quelque chose d'aussi simple le fit sourire. Il était si naturel, n'en faisant pas trop. Il était juste lui, et Takeshi n'était pas habitué de rencontrer ce genre de personnes. C'était un peu comme ça qu'il percevait Kyo quand il n'était pas avec les autres. Il devait certainement être comme Soren était, en tout cas, dans son esprit, c'était ainsi que Taki voyait le rouquin, et là, il rencontrait un garçon qui était réellement ainsi dans la vie.... il se pinça les lèvres.

" moi aussi j'aime faire le lézard.... " osa-t-il.

Soren ouvrit des yeux ronds à l’analyse de Takeshi.

Mais… comment tu sais ?

On aurait pu croire qu’il se moquait du jeune homme, mais en fait pas du tout. Il avait tout simplement oublié ce qu'il venait de dire.
Le garçon sourit largement, finalement ce Takeshi lui plaisait. Il était nettement plus sympathique quand il se détendait ! Soren se demanda ce qui le stressait autant, puis pensa à ses propres problèmes –notamment avec sa mère- et se jura de ne jamais lui poser la question. Personne n’aimait à voir son intimité mise au grand jour. Chacun avait ses secrets. Et il était mieux placé que quiconque pour le savoir.
Le terminale soupira de bien être en s’étendant dans l’herbe ; y’avait pas à dire, il avait bien fait de sécher les maths.
Il ne se rendit pas vraiment compte à quel point il avait l’air puéril en riant pour un simple papillon, mais de toute façon cela ne l’aurait pas gêné. Il était comme il était, et si les gens ne l’acceptaient pas, eh bien, tant pis, ils n’en valaient pas la peine.
Ce n’était pas comme si la solitude lui faisait encore peur…
Heureusement Takeshi semblait plutôt bien le prendre, du moins à ce que l’on pouvait voir au travers de sa timidité. Dès que la glace avait été brisée, le jeune homme lui plaisait , mais…
Soren n’avait jamais vu quelqu’un aussi peu sûr de lui et mal à l’aise avec les autres. Paradoxalement, il fit le rapprochement avec Kajila, tellement fière, prête à défier n’importe qui, qui en imposait rien que par sa présence.
Ils semblaient radicalement opposés, et pourtant… pourtant, se dit Soren, ils avaient cette même difficulté à aller vers les autres, cette même froideur, cette même distance dès qu’il s’agissait de parler de soi, cette même lueur mystérieuse dans les yeux.

Tu sais quoi ? Tu me fais penser à Ryu, enfin, à Kajila Soma. Tu la connais ? Elle est en terminale aussi.

Bien évidemment, si Takeshi la connaissait, il risquait de ne pas comprendre le raisonnement de Soren. Une fois, on lui avait dit qu’il raisonnait à l’envers…
Le terminal se frotta paresseusement les yeux, toujours vautré dans l’herbe. Quand son poignet passa devant ses yeux, il vit l’heure sur sa montre et gémit.

Oh, non ! Plus que 5 minutes de cours de maths et j’ai un cours avec Toyimi-sensei… Avec lui, vaut mieux pas sécher…

Takeshi lui offrit un doux sourire, secouant la tête, amusé. Soren était si rêveur qu'il en était tête en l'air. Il ne se rendait même pas compte de ce qu'il disait. Et le blond ne put nier qu'il trouvait ce garçon adorable, et rafraichissant. Il n'était pas comme les autres. Et le jeune dessinateur voyait de plus en plus Kyo en lui, ou plutôt l'image qu'il se faisait de Kyo. Doux et rêveur, passionné et tendre. Maladroit et drôle. Et doté d'un fort caractère qui pouvait être blessant. Mais il suffisait de s'en accomoder. Après tout, n'était-ce pas une manière de se protéger des autres? Lui même arborait un regard froid à tout heure, pour ne pas se laisser approcher.

Et si c'était à cause de cela que Kyo ne l'approchait pas? Taki secoua la tête. Non. Ce n'était pas ça. Parce qu'il ne l'avait jamais regardé. Le rouquin n'avait jamais posé les yeux sur lui et ne savait même pas qu'il existait, alors comment ignorer quelqu'un qui n'existe pas pour soi? C'était impossible. On ignore pas ce qui n'existe pas. Et à cette constatation, le coeur du blond se serra. Mais il fut ramené à l'instant présent par la voix de Soren qui lui parlait de Kajila Sohma. Takeshi détourna les yeux. Oui, il voyait à peu près qui elle était. Mais elle ne faisait pas partie de son monde. Il s'en fichait même de cette fille. A vrai dire, à part Kyo, personne ne pouvait entrer dans son monde. Quoique.... Soren y arrivait bien. Parce qu'avec ce garçon, il avait réussi à sourire comme il aimerait sourire à Kyo.

" Je ne suis pas comme elle " se contenta-t-il de lâcher, d'une façon un peu trop froide, s'en voulant aussitôt. Ca n'avait pas été méchant. Et il réagissait trop durement à chaque fois qu'on lui parlait, qu'on touchait à son univers. Et la réflexion de Soren sur son cours à venir, Takeshi la prit pour lui, comme une façon de le fuir, et il se sentit blessé. Mais n'était-ce pas sa faute? Après tout, il avait été froid avec lui, c'était normal que ça jette un blanc. Le blond était loin de se douter que le garçon avait réellement un cours dans cinq minutes. D'ailleurs les beaux yeux or de Taki s'aggrandirent quelques secondes en resongeant au nom du professeur de son nouvel ami.

" Mais... Toyimi-sensei est absent.... c'était marqué sur le panneau d'affichage ce matin.... " murmura-t-il, se sentant fautif d'avoir été aussi froid.

Soren releva la tête d’un air surpris quand Takeshi lui répondit. Il se rassit, les jambes croisées en tailleur, des brins d’herbe jaunes dans les cheveux.

Ah… Tu ne l’aimes pas ?

Le garçon fut un peu déçu, et ne put s’empêcher de baisser la tête comme un gamin pris en faute. Il regarda pensivement ses chaussures, puis releva la tête et fixa un point au loin, à l’horizon. Puis il fit la chose qu’il faisait à chaque fois qu’il ne savait plus quoi faire : il dit ce qui lui passait par la tête.

Tiens, les oiseaux volent bas, aujourd’hui…

L’horizon était aussi vide de volatiles que de nuages.
Puis Takeshi reprit la parole d’un ton coupable qui fit sourire doucement Soren.
Le lycéen commençait peu à peu à comprendre le fonctionnement de Take. Il était tellement timide qu’il en devenait froid avec les gens, sans vraiment s’en rendre compte ; et quand il s’en rendait compte, il se sentait coupable. Il se demanda combien de temps il lui faudrait pour arriver à briser cette sorte de carapace que le terminale avait construite autour de lui…
Une douce brise se leva et fit voleter les mèches rebelles du jeune homme qui continuait de regarder sereinement devant lui, sans rien répondre dans le silence qui s’installait entre eux.
Puis d’un coup, il sembla se « réveiller ». Il prit un air surpris.

T’es sûr ?

Puis il se fendit en un large sourire.

Super, j’ai une heure de plus pour essayer de casser la carapace!

Son visage devint alors grave, et sérieusement inquiet, comme s’il allait poser une question capitale.

Dis-moi, tu sais rire, au moins ?

« Je ne suis pas comme elle, c’est tout » se contenta de répondre Takeshi quand son camarade tenta de savoir pourquoi il ne semblait pas porter Kajila dans son cœur. Il ne la connaissait pas vraiment donc il ne pouvait pas dire qu’il ne l’aimait pas. Mais il ne voulait pas la connaître. Il y avait certaines personnes avec qui il se ferait un plaisir de rentrer en contact, mais cette fille n’en faisait pas partie. A vrai dire, pour être honnête avec lui-même, Taki ne pouvait nier qu’à part Kyo, il n’avait guère envie de s’enticher d’autres personnes. En fait, il préférait laisser les personnes venir à lui, comme Soren l’avait fait. Il était venu, et à présent, ils discutaient ensemble même s’il était un peu maladroit, ayant tellement peu l’habitude de s’adresser aux gens. Aussi fit-il son possible pour se faire pardonner de sa froideur. Certes il agissait à sa façon, tel un petit garçon prit en faute, mais il n’en connaissait pas d’autre. Il était tellement novice dans ce genre de relation qu’il avait tout à apprendre, en fin de compte.

Néanmoins, quand il annonça que le professeur de son camarade n’était pas là et que Soren lui fit comprendre qu’il allait rester avec lui, ça fit chaud au cœur du blond.

« Oui, je suis sûr, parce que mon professeur d’anglais est absent également. »

Pourtant, Takeshi ne devrait pas se justifier. En temps normal, il aurait envoyé promener le garçon en lui disant d’aller vérifier lui-même s’il ne le croyait pas. Mais il n’en fit rien. Au contraire. Il se contenta de lui répondre. Et Soren décida de rester avec lui, histoire de trouver la façon de ‘briser sa carapace’, ce qui fit écarquiller les beaux yeux or du blond.

« Ma… ma carapace ? » fit-il, tout étonné. « Euh…. Je… »

Le jeune homme piqua un fard qui ne fit que s’intensifier face à la dernière réplique plus que sérieuse de son camarade. S’il savait rire ? Un instant, Takeshi eut un pincement au cœur. Rire ? Oui, certainement, il savait le faire. Peut être. Il ne pouvait nier que pour lui, il était plus simple de pleurer que de rire aux éclats. En fait, rire sincèrement, il ne savait pas. Il riait toujours comme ça, pour faire plaisir, pour faire comme les autres. Mais rire vraiment, il ne savait pas.

« Je…. Non. Je ne sais pas vraiment » finit-il par avouer, les yeux baissés sur son carnet clos, l’air penaud. N’était-il pas ridicule d’avouer une telle chose ?

Soren n’insista pas concernant Kajila. Inutile de braquer le jeune homme qui commençait tout juste à se montrer un peu plus détendu !
Le jeune homme n’était pas vraiment coutumier de ce genre de conversation, où il faisait vraiment attention à ne pas blesser l’autre en surveillant chacune de ses paroles. C’était sûrement que les personnes sensibles comme Takeshi, et comme lui, finalement, se faisaient rares… Mais ce n’était pas pour autant qu’il n’aimait pas le contact avec Taki, au contraire. Il se sentait bien, assis dans l’herbe, la brise légère dans ses cheveux, le ciel bleu et vide au dessus d’eux, loin des autres, loin du monde. Tellement bien !...
La douceur du moment, il la ressentait dans chaque fibre de son être. Alors que Takeshi semblait un peu tendu, lui ne s’était jamais senti aussi serein…
Soren zappa complètement la réponse de Takeshi qui lui parlait de son prof d’anglais. D’ailleurs, il avait même réussi à oublier qu’il était au lycée, que dans un moment il allait avoir cours…

Eh, Takeshi, t’as vu ? Trois gnomes qui tirent les crins d’un dragon !

Soren montrait du doigt un nuage qui venait d’arriver, et dont la forme étrange pouvait suggérer au choix une théière ou un éléphant. Quant aux gnomes et au dragon, il n’y avait vraiment que Soren pour réussir à les imaginer…
Le jeune homme tourna la tête d’un air intéressé quand le garçon répondit à sa question. Il le fixa d’un regard qui pouvait être gênant pour Takeshi, mais Soren n’en avait pas vraiment conscience.

Ca se voit… mais ce n’est pas grave. Tu vas bien y arriver un jour. Il faut juste que tu trouves ce qui t’empêche de le faire…

Le lycéen ne se considérait pas lui-même sous cet angle là. Il riait toujours, même quand il allait mal, une chose des plus simples suffisait à le faire rire. N’importe quoi, même quelque chose de tout à fait normal. Il n’était rien de plus qu’un grand gamin ! Un gamin bizarre, rêveur, inattendu, mais un gamin quand même…
Soren le regarda d’un air encore plus interrogateur.

T’as bien une idée de ce que ça peut être quand même ?...

Taki osa poser les yeux sur Soren. Son nouveau camarade observait le ciel avec un air si serein que le blond en ressentit un frisson. Etait-ce possible d'être heureux comme Soren semblait l'être? De s'amuser de chaque petite chose? De ne voir que le côté positif de ce qui pouvait nous entourer? Takeshi cligna des paupières, le coeur battant, tentant de repousser les larmes qu'il sentait venir bruler ses yeux. Peut être était-ce pour cela que Kyô ne voyait même pas qu'il existait. Peut être était-ce parce qu'il était trop sombre, trop taciturne pour attirer la lumière sur lui et en être suffisament baigné pour que les autres le voient? Alors peut être qu'il devrait essayé, juste pour voir ce que ça pourrait donner. Relevant la tête, il leva les yeux jusqu'au ciel, pour regarder le nuage que son camarade pointait du doigt à son attention. Et un sourire plein de douceur étira ses lèvres au commentaire de Soren. Non. Ca ne ressemblait pas du tout à ce qu'il disait, mais n'était-ce pas cela qui faisait la différence entre lui et son camarade? Lui aurait vu ce que tout le monde voyait alors que Soren voyait au delà des choses. Il voyait ce qu'il désirait voir et il en était heureux comme ça.

" Oui... je vois .... " répondit-il avec un air rêveur sans vraiment s'en rendre compte. Parce qu'il n'observait plus ce nuage depuis quelques secondes, ses yeux étaient venu se poser sur Soren sans même qu'il s'en rende compte, juste pour voir ses traits se tirer dans un sourire et ses yeux se perdre dans ses rêveries. Kyo était-il ainsi? Non... Kyo était si sombre lui aussi. Ses yeux montraient tellement de souffrance. Même quand il souriait il semblait triste au fond de lui. ALors peut être que si Taki faisait un effort pour être plus heureux, Kyo aimerait venir vers lui? Et peut être l'aimerait-il alors....

Sa contemplation fut écourtée par son aveu, qui ne sembla pas surprendre Soren plus que ça. A vrai dire, c'était comme s'il s'y attendait, ou comme si c'était normal venant de lui. Mais pourtant, ça ne l'empêchait pas de rester auprès du blond. Alors Soren était vraiment différent des autres, c'était sûr. PErsonne ne venait vers lui spontanément, et encore moins pour mieux apprendre à le connaitre.

"Et bien je.... euh...."

Il se tut en soupirant. Oui, il savait pourquoi il était comme ça. MAis l'avouer à quelqu'un, c'était autre chose. Se pinçant les lèvres, il releva la tête vers Soren, l'air résolu.

" Tu... apprends moi à être comme toi.... à pouvoir sourire pour de vrai... s'il te plait.... "

Il baissa la tête par politesse, voulant sincèrement pouvoir être aidé, et devenir... normal...

Soren était perdu dans la contemplation des nuages, une de ses activités favorites. Ses yeux légèrement voilés et à demi fermés montraient qu’il était déjà reparti dans ses rêveries, loin, très loin d’ici…
Il sourit distraitement à la réponse de Takeshi ; il ne savait pas si le jeune homme voyait réellement les mêmes choses que lui, et à vrai dire il en doutait un peu, mais quelle importance ? Le simple fait qu’il soit là, assis à côté de lui à regarder le ciel lui suffisait et lui faisait plaisir.
Le garçon ne broncha pas quand l’autre terminal contourna sa question. Chacun ses secrets, s’il ne voulait rien dire cela le regardait.

Ca doit être vraiment très lourd, dit-il d’un ton compatissant, qui paraissait un peu étrange puisqu’il ne savait absolument rien de la chose en question. En fait, il avait du mal à concevoir que quelque chose puisse l'empêcher de rire.Si cela devait lui arriver un jour, il préférait en devenir fou, ou même en mourir!

Soren regrettait juste de ne pouvoir l’aider, et il devait aussi avouer qu’il était très curieux de savoir ce qu’un garçon comme Takeshi avait à cacher. Il s’interdit toutefois de lui poser la question. Il se confierai quand il en aurait envie, s’il se confiait un jour.
Il ouvrit de grands yeux à la question du jeune homme, fronça les sourcils, puis répondit, l’air très grave.

D’accord, mais ça va pas être facile.

Puis son visage se fendit en un large sourire.

De toute façon, mieux vaut pour toi que tu ne me ressembles pas trop !

Puis Soren, se prenant très au sérieux dans son rôle de prof, réfléchit un moment en se grattant la tête. Puis, un doigt en l’air, il demanda :

D’abord, quelle est la dernière chose qui t’a fait rire ?

Réfléchissant à la question pour lui-même, il éclata de rire :

Moi, je ne m’en souviens même plus !

Encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà, Takeshi tentait de prendre sur lui et de s'analyser. Etre auprès de quelqu'un qui souriait tout le temps et qui riait d'un rien, c'était rafraichissant. Mais il n'en avait pas l'habitude, et ça ne faisait que le mettre devant le fait qu'il n'était pas vraiment normal en fin de compte, et bien trop replié sur lui-même. Mais il ne supportait pas les gens, leur arrogance, leurs moqueries, leur façon d'être. Il ne les aimait pas, et à part Kyo, il n'avait jamais trouvé qui que ce soit qui puisse en valoir la peine. Mais voilà. Soren était arrivé tout penaud et il se sentait face à lui comme un jeune enfant ayant besoin d'apprendre. Il se sentait subjugué par l'innocence qui émanait de son camarade, par son sourire, et se sentait frémir par son rire. Il avait tellement peu l'habitude d'entendre un rire qu'il en était des plus troublé. Surtout quand ça lui était adressé, et ce, sans moquerie aucune.

Alors oui, certainement que là, Soren était entrain de creuser son petit trou dans le coeur du jeune lycéen, s'y faufilant doucement pour gagner le statut de premier ami, de confident en quelque sorte. Car jamais Taki n'avait confié à qui que ce soit qu'il était bien incapable de rire. Mais de sourire, il y parvenait quand le garçon lui souriait. Il réussissait à répondre à ses sourires. N'était-ce pas déjà un grand pas?

Et ce sourire qui étira légèrement ses lèvres face à la réplique de son nouvel ami était bien une nouvelle preuve de la confiance que Takeshi mettait en Soren. Ce type était vraiment pas comme les autres. Et il ne se permettait pas de le juger. Au contraire, il s'intéressait à lui, à ses envies, à ses loisirs, et même à ses problèmes sans chercher à en savoir plus. Il ne tentait même pas de poser des questions qui amèneraient des sujets délicats que le blond n'avait pas du tout envie d'aborder. Alors oui, il pouvait l'avouer, il se sentait bien aux côtés de Soren.

" En fait.... je sais plus trop non plus.... Je devais être encore petit..... Je comprenais pas les choses à cette époque.... je crois que j'ai arrêté de rire quand j'ai pu enfin comprendre certaines choses..... je crois que c'est à ce moment là que je me suis dit que je ne pouvais pas rire et que je ne le pourrais plus..... "

Il avait beaucoup parlé pour le coup, et n'en avait guère l'habitude. Il n'était même pas sûr que son ami comprenne ses paroles. Comment pourrait-il se rendre compte des sentiments du blond? Ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes....

Soren était vivement intéressé par Takeshi.
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, il n’était pas vraiment habitué au contact avec les autres. Généralement, il était plutôt le rejeté, celui à qui personne ne voulait parler sous peine de passer pour l’ami du « fou-dingue ». Evidemment, Soren était, disons, un peu spécial, mais cela ne le dérangeait pas particulièrement lui-même d’être seul. Et bien sûr il n’allait pas faire semblant d’être « normal » pour que les autres l’acceptent. D’abord, ça voulait dire quoi , être « normal » ? Trouver des blagues drôles, porter les vêtements à la mode, faire des compliments sur la coiffure horrible d’un ami, critiquer tout et n’importe quoi, être « cool » ? Tout ça n’intéressait pas tellement le jeune homme. Pourquoi donc se prendre la tête quand la vie était tellement simple ?
Il acceptait avec plaisir la compagnie lorsqu’elle lui était proposée, et de même la solitude. Elle était comme une vieille ami pour lui, et sans doute une des seules jusqu’ici d’ailleurs.
C’est pour cela qu’il ne se permettait pas de juger Takeshi –il ne jugeait personne de toute façon. Take n’était ni plus « normal » ni plus « bizarre » que n’importe qui. Il était lui, c’était tout, et c’était tellement suffisant. Les autres, ils ne voulaient pas comprendre ça.
Soren prit un air grave.

Mais personne n’a le droit de t’empêcher de rire ! Même pas toi !

Puis il sourit.

Et puis, je suis sûr que le petit Takeshi n’est pas complètement parti. Il est forcément là, quelque part. Il joue à cache-cache, c’est tout ! Mais si toi tu ne le cherches pas, qui va le trouver ?

Le garçon tourna rêveusement ses yeux vers le ciel et ajouta doucement, d’une voix troublée :

Il doit s’ennuyer, tout seul. Peut être qu’il a peur, maintenant, dans sa cachette, dans le noir…

[Hika arrive pour te consoler hé hé Soren est d'accord mais si tu préfères terminer le topic avec lui je supprimerais ]

D'un pas vigoureux et empreint d'une certaine joie, Hikaru marchait en direction du gymnase, dans une vague idée de faire un peu de course à pied.
Seulement voilà, il n'avait pas vraiment d'adversaires potentiels pour ce genre de défi, ce qui l'embêtait affreusement.
Lorsqu'il fut arrivé, il s'échauffa rapidement, en chantant joyeusement une chanson tout droit sortie d'une pub pour lessive.
C'est à cet instant qu'il remarqua au loin deux silhouettes. Un grand sourire béat pouvait à présent se voir sur son visage : Il avait trouvé des adversaires!
Sans vraiment se poser la question de si il les connaissait ou pas, le jeune homme se dirigea presque en courant en direction des deux autres garçons.
Il remarqua tout de suite son ami Soren, avec qui il s'entendait à merveille! (Quand deux fous se rencontrent....)
D'une voix enjouée, il cria à l'intention du terminal:

"SOREEN!!! HE PAR LA!!!"

Puis il agita ses bas pour indiquer sa présence. Le deuxième garçon, il ne l'avait jamais vu ce qu'il trouva étrange d'ailleurs, ce n'était pas tout les jours que l'on voyait un blond dans l'école! Bien sur il avait cette Hiakai, mais elle semblait avoir désertée le lycée! Hika s'approcha des deux jeunes gens, et ne semblait pas remarquer le malaise du blond. Il entama d'un air des plus enthousiastes:

"Salut vous deux! Alors on profite des dernières heures de repos avant la torture avec Anoyuka-sensei? T'étais ou Soren, on devait manger ensemble tous les deux non? J'avais apporté un bento que j'avais moi même cuisiné! Il me semblais que tu voulais gouter à ma cuisine! D'ailleurs j'les ai là! J'espère que tu n'as pas encore mangé!"
Puis, sans plus attendre, il sortit de son sac les deux repas , sans se soucier que l'on était quatre heure de l'après midi , et que Soren avait déjà du mangé depuis bien longtemps!

Puis, il s'assit en tailleur, et lança une paire de baguette à son voisin, avant de s'adresser à Takeshi:

"Ah, mais je suis vraiment mal poli, j'ai oublié de demander à ton ami si il en voulais!! Y'en aura bien assez pour trois!!!"

Il se demandait d'ailleurs pourquoi le garçon ne disait rien. Il remarqua enfin que le jeune homme était en train de pleurer, apparemment effondré.

"Euh.. je vous dérangeais peut être?"

[ HJ : nan nan pas de soucis j'attends donc le post de Soren, et je répondrais juste après ]

Le regard de Soren était devenu étrangement voilé à l'idée d'un gamin enfermé, même un gamin imaginaire. Ce qu'il avait vécu, lui, était loin d'être imaginaire...
Le garçon secoua la tête. Il n'allait pas penser à cela maintenant, alors que tout allait si bien! Takeshi était super sympa, et...
...Soren remarqua alors seulement que on nouvel ami pleurait. Complètement pris de court, il resta un moment sans bouger, puis reprit ses esprits et posa une main sur son épaule.

Hé, dit-il doucement.

Malheureusement, tout le romantisme et la beauté de cette scène émouvante furent interrompu par un élément pour le moins inattendu, et carrément bruyant, j'ai nommé Hikaru. En entendant son nom hurlé à tu tête, le terminale releva la tête, surpris, et aperçut alors l'autre terminale.
Ravi, il sourit et fit à son tour de grands signes en direction de son grand ami. Ha, il tombait bien! A eux deux, ils réussiraient sans problème à remonter le moral de Takeshi qui en avait bien besoin à son avis.

C'est Hikaru, anonça-t-il à Takeshi sur un ton d'évidence, comme si ce nom expliquait toutes les mimiques ridicules auxquelles les deux garçons se livraient avec enthousiasme depuis deux minutes.

Ce dernier arriva près d'eux, et Soren sourit d'avance.

Salut, Hika! Moi aussi je t'ai cherché à midi pourtant, c'est bizarre. J'ai dû passer trop de temps à vérifier si tu étais caché sous la table de la salle 203 et on s’est sûrement croisé… Je sais pas trop pourquoi, mais j’étais sûr que t’étais là-dessous pourtant.

Silence méditatif.

Bah… ,,dit-il, renonçant à essayer de résoudre cette mystérieuse énigme. En tout cas, je sais pas toi, Takeshi, mais moi j’ai super faim !

Le dernier arrivé se rendit compte seulement à ce moment là que le blond n’était pas au meilleur de sa forme, et sans doute pas d’humeur à écouter ses bavardages. Soren le rassura d’un geste.

Non, non. On discutait de choses et d’autres. Je crois que Takeshi a besoin de se changer un peu les idées. Il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas ressasser trop longtemps.

Et il ajouta joyeusement en s’armant d’une paire de baguette :

…et pour ça, rien de mieux que de bonnes boulettes de riz !!!

Il était rare pour Taki de se laisser aller en public. Il détestait par dessus tout pleurer devant les autres, et surtout devant un ami potentiel. Pour quoi allait-il passer? Mais il n'y pouvait rien. Sa discussion des plus sérieuses avec Soren avait réveillé de douloureuses choses et il s'en était senti si troublé. Il avait eu l'impression que le garçon pouvait le comprendre, qu'il semblait connaître la souffrance qui l'habitait. Et pourtant, d'un autre côté, Soren semblait être quelqu'un de si joyeux, et de tellement heureux. Mais autant pouvait-on se cacher derrière une apparence froide pour ne pas montrer sa douleur et sa souffrance, autant pouvait-on se cacher derrière une apparence joviale pour masquer cette même douleur. Takeshi le savait. Il n'était pas dupe, et tout comme son nouvel ami, il ne lui demanderait pas s'il avait eu des soucis par le passé, ou même par le présent. Il ne voulait surtout pas créer de malaises entre eux. Alors il tenta de se reprendre, et se sentit d'avantage stupide et honteux quand le garçon se rendit compte de ses larmes. Sa main sur son épaule le fit se tendre, mais d'un autre côté, il la trouva réconfortante. Il n'avait guère l'habitude de se faire consoler.

Mais il profita du changement de situation avec l'apparition d'Hikaru pour essuyer rageusement ses larmes. Qu'allaient penser les autres s'ils le voyaient entrain de pleurer comme une fille? Et son statut de garçon froid? Il allait passer directement à la corbeille. Et Taki préfèrait être ignoré plutôt que moqué. Il avait suffisament subi durant son enfance à cause de la couleur de ses cheveux et de ses yeux, tellement étranges pour un japonais. Et pourtant, naturelles pour lui. Alors que Soren et Hikaru plaisantaient, Taki écoutait d'une oreille distraite se demandant s'il ne devrait pas partir maintenant que son camarade avait retrouvé un ami.

Mais non. Les deux semblaient vouloir le faire rester, et les deux semblaient même s'inquiéter pour ses yeux rougis et pour cette malheureuse larme qui avait fini par quitter la barrière de ses cils. Pourtant il l'avait retenue, mais elle avait réussi à couler, inquiétant un Hikaru qui se sentait de trop. Mais voilà c'était sans compter sur Soren qui ne semblait pas vouloir se débarrasser d'un de ses deux amis. Et Hikaru l'invita même à partager les bento qu'il avait ramené pour lui et Soren. Se pinçant la lèvre, hésitant, Taki jeta un oeil aux paniers repas qui semblaient fort appétissant. Et il était vrai qu'il semblait y en avoir pour trois. Même peut être pour quatre d'ailleurs!! Et Soren semblait vouloir faire son possible pour lui changer les idées, il ne pouvait donc pas fuir comme un voleur après cette rencontre. Surtout que les deux garçons s'entendaient bien, et que Taki avait réellement l'impression de s'être fait un ami.

Hikaru semblait dans le même genre que lui, drôle, ouvert, et gentil. Alors peut être que s'il faisait un effort, il pourrait s'en faire un ami également et se sentir moins seul pour le coup. FInalement, Taki accepta l'invitation.

" D'accord... et puis, j'avoue que ça a l'air vraiment appétissant " finit-il par dire, en esquissant un léger sourire.

Prenant ses aises, le jeune homme en profita pour sortir de son sac deux boissons sucrés, et quelques confiseries. On venait d’accepter sa présence, alors autant se montrer généreux et si possible agréable !
Tandis qu’il cherchait quelques serviettes (il n’avait jamais été très doué pour manger proprement !) il écouta son ami qui lui relatait sa matinée … et sa vaine tentative pour le trouver !
Il éclata alors d’un rire franc avant de répliquer joyeusement :

« C’est parce que j’étais sous la table de la salle d’à côté ! »

Il envoya une serviette à chacun avant d’ajouter :

« Non, sérieusement j’étais sous le porche près de l’infirmerie ! C’était là ou on s’était donné rendez-vous j’te rappelle ! Puis comme je t’ai pas vu bah j’ai simplement oublié de manger ! Là, je comptais faire un peu de course à pied ! c’est super amusant !! Enfin sauf quand t’es tout seul en fait ! »

Il réfléchit quelques instants. Soren, lui expliquait les pleurs de son ami. Hikaru hocha la tête et d’un ton compréhensif il s’adressa au blond :

« Ah j’comprends ! T’inquiète j’ai pas envie de t’embêter à ce sujet, ça arrive à tout le monde d’avoir un coup de cafard ! »

Il n’indiqua pas que cela lui arrivait que très rarement, puis tendit une des deux boissons à Soren, et l’autre Takeshi. Il assura toujours avec ce même enthousiasme :

« J’ai pas soif ! Servez vous ! J’les ai préparé ce matin dans la boutique de mon père ! Y’a tout ce qu’il faut la bas ! » Il ajouta à l’intention de Takeshi « Il est cuisinier dans un petit restaurant en ville ! J’ai beaucoup appris avec lui, j’espère que vous aimerez ! »

Soren commença à se servir, et Takeshi lui avoua d’un air timide que ses bento avaient l’air appétissants. Hika lui adressa un sourire rayonnant .

« Merci, mais sers toi, vas y ! Tu peux même te resservir si tu veux, y’en aura largement assez ! »

Puis sans attendre la réponse du garçon, il posa devant lui un des paniers repas avant de s’approcher de lui de devant Soren pour y chaparder un sushi.

« Bon Appétit vous deux ! »

Soren regarda Hikaru avec étonnement.

Mais enfin, qu’est-ce que tu faisais sous une table ?

Secouant la tête comme s’il trouvait cela parfaitement absurde, il sortit un moment du monde réel pour s’immerger avec un plaisir évident dans ses rêveries. Ses yeux bleus devinrent vitreux, son visage se détendit. Il oublia complètement le monde qui l’entourait pendant 4 ou 5 minutes, mais revint mystérieusement à la vie lorsqu’Hikaru lui proposa une boisson.

Merci Hika, dit-il avec un sourire encore distrait.

Puis il releva la tête et ajouta à l’intention de Takeshi :

Il faut absolument que tu goûte ça,. Hikaru cuisine comme un chef ! dit-il en ébouriffant joyeusement les cheveux de son ami (qui n’en avaient pas vraiment besoin pour partir dans tous les sens).

Puis, estimant qu’une démonstration valait mieux que des paroles, il enfourna aussitôt un sushis dans sa bouche (sans remarquer qu’Hikaru venait de lui en piquer un discrètement ). Pensant sans doute que cela ne suffisait pas (Takeshi semblait encore hésiter à se servir), il plaça le bentô sur les genoux de Takeshi, lui mit doucement les baguettes dans les mains, puis lui fit prendre un des sushis alignés dans le plat en lui tenant les mains serrées sur les bouts de bois.

Ceux-là, c’est les meilleurs !

Les trois garçons continuèrent donc tranquillement leur déjeuné (un peu) tardif. Puis le regard de Soren tomba (par pur hasard, entendons nous bien) sur sa montre, et il se rappela (par un hasard encore plus grand) que sa pause déjeuné était terminée depuis 5 minutes.

Tiens, articula-t-il, la bouche pleine de riz. Il me semble que j'ai un cours de français à cette heure ci, normalement.

Puis, fronçant légèrement les sourcils tout en continuant de manger le plus qu’il pouvait avant de partir:

Vous aussi vous avez cours, non ?

Takeshi se retrouva vite pris par l'enthousiasme de ses deux nouveaux amis qui semblaient bien se connaître. Mais ce n'était pas pour autant qu'il se sentait exclu, bien au contraire, c'était comme s'il faisait déjà parti de leur monde, et c'était venu tout naturellement. Commr s'il avait toujours été leur ami sans avoir à passer par toutes les étapes comme celle de faire connaissance, d'apprendre à mieux se connaître pour voir si une confiance réciproque et donc une amitié pouvait être possible. Là ce n'était pas le cas. Takeshi était d'emblée accepté dans leur petit cercle. Et au fond de lui, il en était vraiment content. Content de voir les efforts que les deux garçons faisaient pour lui, sans doute s'en même s'en rendre compte, pour lui rendre le sourire.

Et ils y parvenaient. Certes, les sourires de Taki restaient timides et légers, mais il souriait, s'amusant de voir Soren tenter de le convaincre de manger les délicieux sushi d'Hikaru. Quoique... il n'avait pas vraiment besoin d'être convaincu tellement ça avait l'air succulent. Mais il se sentait un peu gêné, car après tout, à la base, les deux bento étaient pour Soren et Hika, pas pour lui. Cependant, ça semblait leur faire tellement plaisir de partager avec lui qu'il se laissa docilement faire et qu'il finit par ingurgiter un premier sushi avant d'afficher un sourire gourmand, pour s'attaquer ensuite à un maki au concombre - ses préférés. Oui, vraiment Hikaru était un excellent cuisiner. Et Taki était content de pouvoir goûter cette cuisine !!

Mais voilà, toutes les bonnes choses semblaient avoir une faim. Il s'était tellement senti à l'aise qu'il n'avait pas vu cette nouvelle heure filer à toute allure. Ce fut Soren qui les ramena un peu à la réalité. Ils avaient tous les trois cours. Et même si le déjeuner (bien bien tardif ^__^) était excellent, ils ne pouvaient pas se permettre de sécher un cours. Pourtant, Takeshi était loin de vouloir se séparer de ses deux nouveaux amis. Aussi, une fois les bento rangé et les trois garçons debout, Taki osa enfin faire une proposition. Même s'il n'était pas encore à l'aise, c'était une façon de montrer à Soren et Hika qu'il se sentait bien avec eux, et qu'il aimerait beaucoup pouvoir être leur ami. Qu'ils soient amis tous les trois.

" Dites, ça vous dirait de rentrer ensemble tout à l'heure? A la fin des cours? " fit-il sans trop réfléchir. Dès qu'il se mettait à trop penser, c'était une catastrophe, et il n'osait plus dire ce qu'il avait à dire.....

Hika éclata de rire à la question de Soren. Ce dernier n’avait apparemment pas comprit qu’il faisait de l’humour ! C’était tout lui ça ! Tout prendre au premier degré !

« Bah je travaillais pardi ! je ne sais pas si tu as remarqué, mais Ayunoka-sensei est bien agréable à regarder d’en dessous ! Elle a vraiment des jambes magnifiques et au moins je ne risque pas de me faire rabrouer ! Je crois qu’elle ne peut pas me supporter ! »

Il haussa les épaules, indiquant qu’il n’y pouvait rien.

Aux compliments des deux garçons, il ne pu s’empêcher de rougir de plaisir.

Si il y avait une chose dont Hikaru raffolait par-dessus tout, c’était qu’on le complimente sur sa cuisine ! Tous les enseignants s’accordent à dire qu’il n’avait aucun avenir, et que son manque de sérieux lui vaudra de gros ennuis lorsqu’il s’agira de trouver du boulot. Aucun n’avait confiance en lui et la cuisine était la seule chose qu’il réussisse vraiment.

« Merci ! Vous savez, mon rêve c’est de reprendre le restaurant de mon père, lorsqu’il sera à la retraite ! Je compte travailler dans ses cuisines au début, mais il veut que je finisse mes études avant ! »

Il leva les yeux aux ciels. Il ne se voyait pas autrement que cuisinier, alors étudier les maths lui une toute autre matière qui n’aurait rien à voir avec son art culinaire l’embêtait quelque peu : il avait l’impression de perdre son temps.

L’heure passa très vite et dans la bonne humeur. Hika aimait bien Takeshi, sa timidité le faisait sourire. Ils e revoyait quelques années auparavant. Pour ce qui était de Soren c’était une autre histoire ! même si il ne le connaissait que depuis quelques mois, il avait vraiment l’impression qu’ils avaient un point en commun : tous les deux fous à lier !

« Ouais moi aussi j’ai cours ! Ce serait bien qu’on se voit après !! Cool j’avais rien à faire ce soir ! On se retrouve après alors ! »