dis moi shiguré!

Assis sur le bord de la porte fenêtre, Akito regardait les oiseaux qui venaient se poser à côté de lui. Il tendit doucement la main dans leur direction et ils s'envolèrent. Tous sauf l'un d'entre eux qui s'approcha en sautillant jusqu'à toucher le doigt du jeune homme. Ce dernier sourit au contact de l'animal et le taquina gentiment.

Akito attendait que Shiguré rentre de sa réunion avec son éditeur. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Pas depuis la cérémonie du nouvel an! Il avait donc décidé de lui rendre visite à l'improviste. En arrivant, il avait laissé Kureno devant une tasse de thé dans le salon. Puis il avait gagné discrètement le bureau du chien et s'y était installé en attendant son retour.

Shigure rentrait tout guilleret d'une reunion de travail ou il s'etait bien amusé, meme s'il avait ete le seul. Si ses supérieurs etaient trop butés pour comprendre son humour, tant pis pour eux...et tant mieux pour lui s'en etait que plus drole !!
Le chien chatonnait doucement en entrant dans la maison normalement vide puisque les jeunes etaient tous sensés etre en cours. Or, la porte etait ouverte et deux paires de chaussures attendaient les siennes sur le paillasson.
S'il n'y en avait eu qu'une cela aurait pu être Hatori ou Ayamé, mais deux c'etait signé. Akito et sans doute Kureno etaient la.

Il avanca silencieusement et apercu en effet le coq dans la cuisine en train de préparer le thé. Il lui vit un rapide signe de tête sans lui parler, Akito ayant interdit aux autres douzes de parler au coq sans sa permission.

Le chien s'arreta rapidement dans le couloir pour reflechir. Ou pouvait bien être le chef de famille ? Et que voulait il ?

Probablement le voir, sinon il serait directement allé au lycée ou serait passé plus tard. Il n'etait donc vraisemblablement pas a l'étage mais soit dans le salon, soit dans son bureau, soit dans sa chambre.

Le salon etait vide mais l'adolescent se trouvait bel et bien dans son bureau, pret de la fenetre a jouer avec les oiseaux, comme d'habitude. Sans buits, respectueusement, le chien s'appuya sur le chambranle de la porte et attendit qu'Akito s'apercoive de sa présence.

Soudain, l’oiseau s’envola et un courant d’air vint chatouiller la nuque d’Akito. Ce dernier se retourna machinalement et vit Shiguré appuyé contre l’encadrement de la porte. Un léger sourire vint éclairer son visage triste et il lui fit signe de le rejoindre. Il attendit que le chien s’asseye à côté de lui et posa presque tendrement sa tête sur son épaule. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, immobiles et silencieux. C’était comme si le temps s’était arrêté. Puis Akito lui demanda.

« Dis moi Shiguré ? Tu ne t’ennuies pas ici tout seul au milieu de ces enfants ? »

Il leva son visage en quête d’une réponse.

« Moi, je ne les supporte pas ! Ils sont trop bruyants ! Et puis vivre aux côtés de cette sotte et de cette…chose ! Ça me donne envie de vomir ! »

Il attrapa le bras du jeune homme et se serra davantage contre lui.

L'oiseau s'envola et Akito se retourna, lui souriant tristement. Shigure s'approcha alors et s'assit tout a coté du chef de famille, le laissant s'appuyer sur son epaule, sans bouger, savourant toute la tendresse et l'intensité de ce contact.
Il etait plein de questions et préparait des réponses a differentes questions possibles de l'adolescent mais attendait que celui-ci lance la conversation. Puis il etait bien la, Akito dans ses bras, il se sentait plus fort, plus present...

La question le prit totalement au depourvu mais le chien n'eut aucun mal a réagir. Il prit un air triste, sans en faire trop et repondit simplement.

Ce ne sont pas les enfants le probleme, c'est que je suis loin de vous.

Le coeur battant car ne sachant pas ce qu'Akito voulait il le serra plus contre lui et continua.

Pour ce qui est des enfants, cela ne me derange pas, les jours ne finiraient pas loin de vous et sans animation, ils m'aident a supporter un peu d'être loin. Et puis vous avez besoin de moi pour veiller sur Yuki non ? Cela me rend heureux de pouvoir vous être utile vous savez...

Il se tut. Il avait lui-même du mal a savoir ce qui etait vrai dans ce qu'il venait d'improviser. Peut-être tout, peut-être rien...plus probablement un peu des deux mais de la a savoir en quelles proportions...

Vous ne vous ennuyez pas trop au Manoir Akito ?

Akito écouta parler le chien sans vraiment y prendre garde. La question qu’il lui avait posé était davantage une constatation qu’une réelle interrogation de sa part. il s’affala un peu plus contre Shiguré et passa un bras autour du sien. Son regard fixait un point dans le lointain et son esprit semblait à mille lieux de là. Malgré tout, les paroles du jeune homme faisaient leur chemin et l’adolescent finit quand même par réagir.

Je m’y ennuierais sûrement moins si tu passais plus souvent, tu ne crois pas ?

Il lâcha le bras qu’il enserrait et se releva lentement. Ensuite, il se dirigea vers le bureau, saisit une feuille du manuscrit en cours d’écriture, la parcourut succinctement et la jeta négligemment au loin.

Tu devrais avoir honte d’écrire de telles niaiseries ! Cela ne te ressemble pas, tu sais.

Il se retourna et s’assit sur le bureau, les jambes écartées et les coudes posés sur les genoux.

Et toi, mon bon Shiguré, ne t’ennuies-tu pas trop dans cette maison si loin de moi ?

Le chef de famille semblait tenir a ce qu'il s'ennuie loin de lui...aussi Shigure allait il lui donner de l'ennuie en veux-tu, en voila ! Seulement il devait faire attention, l'adolescent etait loin d'être bête et le connaissait bien. S'il en faisait trop il risquait sa colere, s'il n'en faisait pas assez il risquait de le blesser...
Il le laissa se séparer de lui et aller et venir dans la piece. Lui resta assis, immobile, rêveur, les yeux dans le vague, comme si tout son esprit etait sur un nuage rose.
Il soupira et haussa les epaules.

Les âneries se vendent bien et ne sont pas difficiles a produire. Et ce metier me permet de répartir mon temps comme je le veux. Si j'ecrivais plus serieusement j'aurais moins de temps encore pour passer.

Il se releva alors et se retourna, juste au moment ou l'adolescent montait sur le bureau. Shigure s'approcha du jeune homme jusqu'a ce que ses cheveux frolent son Kimono. D'un geste doux, il retira une mêche qui s'ecartait un peu des autres et fit, sur le ton le plus sincere qu'il avait a sa disposition.

Que ce soit ici ou au manoir, je m'ennuie chaque seconde qui se passe sans que je vous voie.

Akito esquissa un sourire satisfait. Shiguré savait toujours trouver les mots qu’il convenait pour le rassurer. Il se laissa faire quand le jeune homme lui écarta une mèche et posa sa tête sur son torse et ferma les yeux pour savourer cet instant. Puis soudainement, il gloussa d’amusement et s’écarta du chien. Il se leva, fit quelques pas dans la pièce et revint se planter devant le propriétaire des lieux. Il plongea ses yeux dans les siens sans un mot et attendit.

Ils restèrent ainsi pendant un temps indéterminé. Pas un ne semblait vouloir céder le pas à l’autre. Alors, Akito devint nerveux. Le silence du chien devenait pesant et le jeune homme en conclut à tort ou à raison qu’il se moquait de lui. Il serrait peu à peu les poings jusqu’à ce qu’une goutte de sang perla à la jointure et alla s’écraser sur les tatamis du bureau.

Akito sembla accepter l'etreinte puis proposa un nouveau jeu, le defiant du regard de detourner le sien. Mais le chien, curieux, ne l'entendait pas de cette oreille, il voulait savoir precisement ce qu'Akito voulait en se rendant chez lui et a quoi rimaient ces questions. Aussi, contrairement a d'habitude, il ne ceda pas et laissa le silence devenir pesant.
Une goutte de sang tomba du poing de l'adolescent sur le tatami. Alerté par le mouvement Shigure detourna les yeux et vit la trace rouge. Il releva alors la tête et regarda son amant avec douceur et compassion.

Vous vous êtes blessé. Voulez-vous que je fasse venir Hatori ?

Il ne bougea pas pourtant, il n'avait pas envie de voir son ami débarquer, il voulait savoir ce qui se passait.

Dites moi Akito...que fais Kureno dans ma cuisine ?

Malgré l’inquiétude de Shiguré, Akito ne desserra pas les dents. Pire, ses yeux se rétrécirent et ses pupilles se contractèrent ! L’orage arrivait à grands pas et le chien ne semblait vouloir se mettre à l’abri. Bien au contraire, c’était comme s’il cherchait délibérément à provoquer la colère du chef de famille. De par son attitude et de par ses paroles, tout laissait à croire que le jeune homme se rebellait. Alors lorsqu’il mentionna Hatori puis Kureno, le jeune garçon ne put se retenir davantage.

Laisse donc Hatori là où il est ! Il est entre de bonnes mains. Celles d’une certaine Ryu, il me semble.

Il relâcha ses poings, regarda étonné le sang couler et se mit à le lécher avec assiduité. Il ne s’arrêta que pour répondre à la question concernant le coq.

Kureno ? Eh bien, il prépare le thé ! Pourquoi ?

Ah, tiens, avait il fait mouche ? Il voyait le chef de famille se mettre en colere et se demandait pourquoi. Comment est-ce que ses piques avaient pu porter ? La premiere phrase d'Akito le renseigna et le chien réprima un sourire. Ainsi donc Hatori voyait quelqu'un ? Ou alors Akito soupsonnait le dragon d'être amoureux et pour cela Shigure lui faisait confiance. L'adolescent avait un flair infaillible pour reconnaitre ceux qui etait susceptibles de lui voler ses 12...
Donc, Hatori etait amoureux, ce qui expliquait sa mauvaise humeur et son air préoccupé, probablement ! Le chien se jura de profiter de lapremiere occasio pour sonder son ami. S'il commencait a oublier Kana c'etait une bonne chose apres tout.

Donc, parce qu'Hatori est avec une fille vous vous refugiez chez moi.

fit il d'un ton neutre, les yeux amusés mais l'air triste en regardant l'adolescent lecher sa blessure.

En somme je suis votre bouche-trou.

Il haussa les epaules comme si cela n'avait pas la moindre importance pour lui et changea de sujet avant que le chef de famille ne s'enerve pour de bon.

Pour Kureno, c'etait simplement par curiosité, c'est rare que vous nous laissiez le voir. J'ai le droit d'aller lui parler ?

Question en l'air, il n'avait nulle envie d'aller parler au coq mais il voulait qu'Akito s'enerve. C'etait dangereux mais c'etait un bon moyen d'obtenir des informations a peu pret sinceres...puis, il n'aimait pas être un bouche'-trou !

Akito se figea en entendant la réponse de Shiguré puis il éclata de rire. Le fait d’imaginer Hatori dans les bras de cette…furie, le faisait rire. Aucune chance que cela arrive un jour ! Ils n’avaient vraiment rien en commun.

Si tu appelles ça une fille ! Alors oui, il est avec elle. Mais je dirais plutôt qu’elle ressemble à une gorgone ! Tu sais, du genre à faire fuir tous les hommes…

Et il s’esclaffa de plus belle. Mais cette gaieté apparente ne dura pas et se termina nette quand le chien lui parla de Kureno et de lui-même. Il s’éloigna vers la porte fenêtre et regarda les oiseaux qui étaient revenus se poser à proximité. Il sourit presque tendrement et s’accroupit pour les observer. Il en aurait pour un peu oublier Shiguré. Il releva lentement les yeux et observa pensif le jeune homme.

Tu sais Shiguré, tu n’a jamais été un bouche –trou comme tu dis. Tu es bien le seul que j’autorise à me critiquer sans prendre en retour une correction mûrement méritée. Alors, je trouve que ta pseudo jalousie envers Kureno est déplacée !

L’adolescent se laissa mollement tomber sur le sol et prit ses genoux entre ses bras sans quitter son ami des yeux une seule seconde.

Le chien haussa les epaules. La descritpion de Ryu par Akito ne lui faisait ni chaud, ni froid etant donné que le chef de famille trouvait hideuse et de mauvais caractere toute fille qui s'approchait d'eux. Il se souvenait meme avoir entendu Akito dire que Tohru etait laide alors...
Enfin il profitait de cette gaité factice mais imprévue du chef de famille et se contenta de le regarder.
Puis, le rire s'arrêta net. Shigure venait de remettre l'epineuse question de Kureno sur le tapis et visibleent cela n'avait pas plut au chef de famille qui se détourna de son humble serviteur pour taquiner les oiseaux...

Shigure fit un pas vers lui mais se forca a s'arreter. Il ne devait pas venir prendre sa place habituelle, pas s'il voulait vraiment dire ce qu'il avait a dire, faire ce qu'il devait faire.

C'est parce que je pense a toi, que je suis jaloux. souffla le chien dans un murmure quasi inaudible. La pause que prit alors Akito toucha Shigure qui ne put retenir un second pas en avant.
Pour ne pas avoir l'air trop faible et sans quitter son eternel sourire moqueur, le chien s'avanca jusqu'a la porte vitrée et fit un pas dans le jardin, s'asseyant sur un marche tout en tournant le dos au chef de famille.

Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit ? . fit il soudain plus fort et d'une voix pensive, puis, sans transitions, il se leva et s'asit a sa place habituelle, aux cotés de l'adolescent.

Laissons le coq ou il est, et Hatori avec son dragon...comment allez-vous en ce moment Akito-san ?

Akito ne réagit pas à la déclaration de Shiguré. Le regard vague, il se contentait d’observer le jeune homme avec néanmoins beaucoup plus d’attention que ce dernier semblait le penser. Son regard s’adoucit lentement en repensant à leur dernière rencontre. Lentement, il se leva et traînant les pieds comme à son habitude, se dirigea vers le chien. Il s’arrêta, posa sa main droite contre son cœur et ferma les yeux tout en ressentant les pulsations à travers l’étoffe. A nouveau, un sourire vint effleurer son visage triste. Il se souvint des paroles que Shiguré venait de prononcer et lui répondit simplement.

Comment je vais ? Mal, voyons !

Il marqua une pause avant de reprendre.

Tu sais bien que je vais toujours mal quand tu es loin de moi, mon beau Shiguré ! Pourquoi voudrais-tu qu’il en soit autrement ? A moins que tu ne te moques de moi une nouvelle fois ?

Il leva les yeux suspicieux et tenta de trouver une réponse à ses interrogations au travers du regard narquois de son hôte.

Mais si le regard du chien etait narquois, son sourire etait tendre et sa voix douce se voulait rassurante. Il recouvrit de sa main celle d'Akito tandis que de l'autre, il ecartait une meche recalictrante de son visage.

Je ne me moque pas. Qu'en tirerais-je ? Non je suis sérieux, j'aimerais savoir comment vous allez en ce moment.

Il plongea ses yeux dans les siens et continua simplement.

Vous me semblez plus pale et plus inquiet qu'a l'accoutumée, aussi je me fais du soucis pour votre santé. Vous savez que je tiens a vous n'est-ce pas ? Je n'aime pas vous savoir malade.

Il retira sa main du visage d'Akito pour tirer ses propres cheveux en arriere, se decidant pour la franchise enfin, une certaine forme de franchise...

Je ne sais toujours pas ce que vous vouliez en venant ici au lieu de me convoquer au manoir. Comment voulez vous que je vous aide si je ne connais pas vos désirs.

Il soupira, ne résistant pas a un jeu sur les mots.

Comment voulez-vous que je vous aime, si je ne connais pas vos désirs.

Et si le ton n'avait pas varié entre les deux dernieres phrase le regard du chien etait plus que parlant.

[HJ dsl pour le jeu de mot pourri il m'a paru etre du niveau de Shigure...]

Akito ne put s’empêcher de frémir au contact de la main de Shiguré sur son visage. Il se reprit bien vite se méprisant de montrer tant de faiblesse face à l’un de ses jouets. Cependant, il se laissa faire juste pour voir ce que voulait le chien. Entrant dans son jeu, il posa doucement sa tête sur sa poitrine et enlaça le jeune homme de ses bras frêles. C’était comme si il ne voulait pas le laisser partir, comme si il le voulait rien que pour lui.

Je vais bien rassure-toi ! Sauf que je m’ennuie loin de toi. Kureno n’est pas très bavard tu sais !

Akito écouta la réponse de son hôte avec un certain intérêt mais n’en laissa rien paraître. Cependant, la dernière phrase du chien la fit se crisper.

Comment oses-tu me dire cela, Shiguré ! Je te rappelle que c’est toi qui m’as trahie ! Pas moi ! Comment veux-tu que je te pardonne ton geste ?

Ses doigts s’étaient resserrés autour de l’étoffe du kimono du jeune homme et le ton de sa voix s’était durci. Tout laissait présager l’arrivée d’une nouvelle « crise » !

Si rapide que fut le fremissement d'Akito, Shigure (qui guettait justement ce genre de reaction) le sentit et son coeur se mit a battre plus vite l'espace de quelques battements. Il reussi tout de même a se calmer et a ne pas reagir lorsque le chef de famille l'enlaca presque tendrement. La blessure que celui-ci lui avait infligé etait toujours la même s'il etait content de sa vengeance.

Car malgré ses airs legers et joyeux, le chien etait, comme ses congeneres a quatre pattes, d'une tres grande sensibilité, d'une fidelité a toute epreuve et aimait reellement les gens qui lui etaient proche. Ce qui le rendait assez jaloux et protecteur. Ajoutez a cela l'absence totale de culpabilité et un coté assez rancunier qui n'appartenaient qu'a lui et vous comprendrez pourquoi Shigure etait si content de savoir qu'Akito s'ennuyait loin de lui...et qu'il se tendit lorsqu'il entendit le nom de Kureno.

D'ailleurs une nouvelle crise se profilait a l'horizon, l'adolescent n'ayant pas apprécié son jeu de mot. [HJ ce qui peut se comprendre ^^]. Il ne chercha pas a se degager mais laissa ses yeux briller d'ironie.

Si vous cherchiez quelqu'un de bavard, vous auriez du vous tourner vers Ayamé ou Ritsu, vous auriez été exaucé.

Il soupira, dans cette histoire les deux amants avaient egalement ete blessés et Shigure etait plutot content de voir Akito souffrir au moins autant que lui. Ce n'etait que justice !

Mais Kureno, franchement je ne comprends pas. Il etait comme un petit frère pour moi.

Les yeux d’Akito s’agrandirent au fur et à mesure que Shiguré débitait ses idioties habituelles. Malheureusement, la jeune chef de famille n’était absolument pas sensible à son humour et cette tentative de diversion ne fit qu’accentuer la crise latente. Il y eut un bruit sec. Paf ! La jeune fille venait de gifler violement le chien. Elle avait frapper si fort que ses ongles avaient griffer au passage sa victime jusqu’au sang. Elle resta ainsi la main en l’air comme si le temps s’était suspendu un instant. Puis elle s’écarta brusquement.

Ayamé est incompréhensible et Ritsu, fatigant ! Je ne veux pas les voir ! Jamais !

Elle s’avança une nouvelle fois vers la baie vitrée restée ouverte et chercha des yeux un oiseau. Comme elle aspirait à leur liberté ! Pouvoir aller là où elle veut, quand elle veut ! Mais Shiguré mit fin à ce rêve éphémère avec sa jalousie déplacée. Les yeux d’Akito lançaient des éclairs et ses doigts se refermèrent sur eux-mêmes.

Kureno ? Cela ne te regarde pas ! Je t’interdis de me juger ! Et puis, tout est de ta faute !...si tu n’avais pas couché avec Ren…

Elle n’acheva pas sa phrase car elle venait d’être prise d’un vertige qui la fit chanceler une seconde. Elle passa sa main sur son visage et reprit.

Je m’en vais ! De toute manière, tu ne changeras jamais ! Je ne sais même plus pourquoi j’étais venue te voir !...KURENO !!!!

Et elle se mit à crier après le coq !

La claque fit mal. Tant physiquement qu'emotionnellement. Shigure c'etait toujours sentit a peu pret protegé des crises du chef de famille. Il la regarda avec surprise et douceur. Quelque chose coulait de sa joue...du sang.
Il regarda alors la main d'Akito, c'était la même main qui avait été blessée plus tot dans la conversation. Malheureusement il mit un peu de temps a rassembler ses idées et Akito chancela avant de parler de partir et d'hurler sur Kureno.
Le chien rejoignit son maitre. Lui prit la main doucement mais fermemant, la deplia et la posa sur sa joue sanguinolante.

Les amants d'autrefois echangaient leur sang pour symboliser ce qu'ils ressentaient et leur union eternelle. Je ne sais pas si c'etait ton intention mais cela représente beaucoup pour moi.

Il soupira. Il l'avait tutoyée intentionnellement, sachant que la rareté de l'attention lui donnait une signification particuliere.

Peut-être cela ne veut il rien dire pour vous mais je vous aime. Plus que n'importe qui d'autre. Et c'est parce que je vous aime que la douleur physique que vous pouvez m'infliger n'egalera jamais celle que je ressens a vous voir avec un autre. Libre a vous a présent de decider de vos compagnons. Même en souffrant je suis toujours heureux de vous voir.

Son air etait terriblement serieux, presque triste, comme s'il n'avait jamais été aussi sincere de toute sa vie.

Voulez vous que je vous raccompagne jusqu'au manoir ?

Un sourire reapparu soudain. Il ne le retiendrait pas. Akito etait venu, Akito avait prit, que Sa volonté soit faite. Apres tout n'etait elle pas leur dieu ?

Akito résista tant bien que mal à l’emprise de Shiguré mais le jeune homme fit preuve d’une détermination et d’une force hors du commun. Cela déstabilisa provisoirement le chef de famille qui se laissa faire sans broncher. La main à nouveau sur la joue du jeune homme, Akito reprit ses esprits lorsque ce dernier commença à parler. Bizarrement, ces mots l’apaisèrent. Elle se mit à caresser la joue meurtrie avec tendresse, approcha doucement son visage de la blessure et se mit à la lécher avec amour.

Je n’aime pas que tu me fasses ce type de scène. Tu le sais pourtant. Alors pourquoi ? Pourquoi me pousses-tu ainsi à bout ? Quant à ton amour aussi sincère qu’il puisse être, je n’y croirai que lorsque cette « traînée » de Ren sera morte et enterrée ! Alors…alors je….

Sa voix se mit à dérailler. Des images issues de son enfance refaisaient surface lui arrachant des larmes au passage. Puis sans crier gare, elle posa ses lèvres sur celles de Shiguré et murmura doucement.

Non, je vais rentrer seule avec Kureno et quoi que tu en penses, je veux te voir demain à la première heure au manoir !

Elle déposa sa tête sur la poitrine rassurante.

Dis Shiguré ! Je t’…je te veux pour moi toute la journée de demain alors prends tes dispositions.

Elle caressa une dernière fois le visage du jeune homme avec un doux regard et sortit de la pièce.