une belle journée...

Shouta fixa pendent un instant Mayuko. Etait-ce une blague ? Si c’était le cas, il ne trouvait cela pas drôle du tout. Il avait déjà remarqué les regards qu’échangeaient les deux enseignants, mais dans tout les cas ce n’était pas son problème. Après tout, si Mayuko décide de tromper son copain pour lui, il ne voit vraiment pas ou peut être le mal, et surtout , il ne se sent pas concerné par leurs histoires. Qu’ils aillent faire leur scène de ménage ailleurs que devant lui.

(Alors comme ça ils sont ensemble...Mayu me décoit pour le coup!)

Shouta pour l’instant agacé, ne répondit rien à Mayuko, il était affreusement déçu que Gaeyu choisisse ce moment pour apparaître.
Il le fut d’autant plus lorsque l’homme arracha l’enseignante de ses bras. Il se rapprocha de l’importun avec un regard menaçant.

« Eh Toyimi, si t’es énervé vas te défouler ailleurs on a pas que ça à faire…quand à savoir que c’est ta copine, autant te dire que je m’en fous complètement, si elle est venue me voir c’est peut être parce que t’arrive pas à la satisfaire ..Et si c’est le cas, c’est pas mon problème… »

Puis, lorsqu’il vit l’homme s’avancer légèrement, apparemment en colère, il fut amusé. Amusé de voir tant de fureur sortir de d’un si misérable être. Et tout cela pour une femme. Il avait envie de rire, et dit sans bouger :

« Fous le camps crétin, tu risquerais de te faire mal ! »

Mais ce n’était apparemment pas la résolution de l’enseignant, qui lui envoya un coup de point. Shouta fut tellement surprit qu’il ne pensa pas à l’éviter. Il passa sa main sur son visage, oubliant quelques instants la présence des deux professeurs. Un peu de sang coulait au coin de sa bouche et Shouta relevant la tête observa son adversaire. Un long sourire se dessina sur son visage, et ignorant la douleur, il dit amusé :

« Pas mal…je pense quand même pouvoir faire mieux… »

Shouta lui renvoya un coup de poing en plein milieu du ventre, sans se préoccuper d’y mettre toute sa force. Il y prit même un grand plaisir, cela faisait bien trop longtemps qu’il ne s’était pas batu. Il savoura quelques instants cette violence retrouvée, espérant que Gaeyu serait plus homme qu’il ne le pensait, et continuerait à se battre.

Devant cet accès de violence, Mayuko poussa un cri. Que Shouta se batte, elle pouvait le concevoir mais de la part de Gaeyu, elle avait du mal à le reconnaitre. Elle avait toujours connu un Gae calme, gentil et serein. Là, elle n'en croyait pas ses yeux. Elle resta là les bras ballants tandis que les deux hommes avaient commencé à se frapper mutuellement. Elle hésitait entre les séparer (mais il aurait fallu qu'elle prenne parti) et les laisser regler leurs comptes. Cruel dilemme! Elle était encore une fois perdue entre son amour pour Gae et son attirance pour Shouta. Elle eut beau tourner le problème dans tous les sens possibles, elle ne voyait pas comment faire.

Alors, elle se mit à pleurer. Pas quelques larmes comme quelqu'un de triste mais un véritable déluge comme les enfants en ont le secret. Un torrent inondait son beau visage et s'écoulait sans cesse mouillant son chemisier et laissant deviner ses formes au travers. Elle reprit enfin son souffle et hoqueta entre deux reniflements.

"Arrêtez! Mais arrêtez donc! Je ne veux pas que vous vous fassiez mal l'un comme l'autre. Je n'en vaut pas la peine."

Elle alla s'interposer entre eux et s'adressa à Shouta.

" Ne m'en veut pas! Sache simplement que tout ce que je t'ai dit était sincère même si je me doute bien que toi, tu ne l'étais pas! Mon attirance pour toi n'était absolument pas simulée......Je crois qu'il vaudrait mieux que l'on s'évite à l'avenir."

Et elle baissa la tête pour cacher les larmes qui perlaient à nouveau au coin de ses yeux. ces paroles lui faisaient mal car elle ne pouvait se résoudre à laisser Shouta ainsi. Son corps en tremblait encore de désir. Elle fit demi-tour et attrapa le bras de son ami.

"Viens Gae! Allons-nous en! je crois que j'ai pas mal de choses à t'expliquer et à ma faire pardonner si tu veux bien encore de moi!"

Ils partirent bras dessus dessous. Arrivés à la porte, Mayuko lança discrètement un dernier regard en direction de Shouta. Il semblait lui dire : " Attends-moi!"

Shouta continuait a l'agacer. Pas tant avec son insinutation mal placée que par le mépris qu'il sentait derriere. L'idée d'être remplacé par ce type le rendait malade.
Mais soudain il entendit Mayuko pleurer. Elle avait toujours eu cette faculté de pouvoir pleurer comme pleurent les enfants. Il se retourna pour la voir lorsqu'une violente douleur au ventre lui coupa le souffle. Shouta avait repliqué, et bien !
Gae lanca a nouveau son poings avant de voir la silhouette de son aimée sur sa trajectoire. Il se controla avec difficulté et reussi a ne pas la blesser. Elle fut moins gentille et chacun des mots qu'elle adressa a Shouta le mettait hors de lui.
Aussi lorsqu'elle lui prit le bras pour lui "expliquer", il se degagea sans violence mais avec determination.

Non. Laisse moi.

Ordonna t'il avant de reprendre plus doucement mais toujours en colere.

Je n'ai pas besoin d'explications, je n'ai rien a te pardonner et je ne t'en veux pas. J'ai juste besoin de temps pour me reprendre et reflechir.

Il laissa un silence puis repris un ton calme et autoritaire.

Explique au proviseur que je suis malade et que je ne reviendrais pas de la semaine s'il te plait.

Il lui tourna le dos, se dirigeant vers la sortie.

En cas de problemes tu n'as cas me telephoner.

C'etait la premiere fois qu'il ne l'assurait pas que sa porte etait toujours ouverte. Gae avait vraiment ete tres blessé par l'attitude de son amie, il ne l'avait jamais pensée aussi changante et en souffrait beaucoup. Mais surtout il s'en voulait de son geste de violence et du fait qu'il ai failli frapper May. Jamais de sa vie il ne s'etait battut jusqu'a ce jour. Il avait besoin de comprendre pourquoi. Il en avait honte, rejetait sa culpabilité sur son amie, le savait et cela l'enervait encore plus.

Shouta regarda la scène sans y prendre parti, les mains dans les poches, complètement détaché de ce qu’il se passer. Il sortit de sa torpeur lorsqu’il entendit Mayuko pleurer à chaudes larmes. Il la regarda étonné et lança un regard à Gaeyu avant de remarquer son coup de poing mal placé, qui faillit blesser la femme. Il le bouscula avec force. Comment osait-il porter la main sur son « jouet » ! Même si c’était accidentel, c’était un moyen pour lui de pouvoir brutaliser l’enseignant.

Il répondit au regard discret de Mayuko par un sourire qui signifiait la même chose, un regard qui pourrait passer pour doux. Intérieurement, il prenait très mal ce que disait la femme. Apparemment elle ne comptait pas laisser Gaeyu, et cela Shouta ne l’acceptait pas. Mais d’ailleurs pourquoi cela le dérangeait ? Il ne devrait pas, c’était à l’encontre de sa nature.

Il se contenta de sourire en regardant faire le professeur, apparemment très affecté par la réaction de la jeune femme. Il trouvait cela pathétique et exaspérant. Tout ce qu’il avait envie, c’était de dire ses quatre vérités à l’homme. Ce qu’il ne se priva pas. Il s’approcha de Mayu et dit à Gaeyu, très sérieux :

« Tu ne te sens pas assez concerné pour fuir ainsi ? Si tu évite tous les conflits, comment peux tu espérer de les résoudre ? »

Puis il ne le quitta pas des yeux, tout en posant une main sur l’épaule de Mayuko.

Mayuko regarda les deux hommes un peu bêtement. Elle s'était attendue à la réaction de Gaeyu mais celle de Shouta la laissait pour le moins perplexe. Elle ne parvenait toujours pas à saisir ce que désirait réellement l'enseignant. Lorsqu'il posa sa main sur son épaule, elle eut toutes les peines du monde à réprimer un frisson. Elle s'obligea donc à regarder son ami d'enfance car si, par malheur elle tournait la tête, Elle aurait bien incapable de dire ce qui se serait passé alors tant Shouta lui faisait de l'effet. Elle baissa lentement les yeux vers le sol. Elle savait bien que tout ce désastre était de sa faute et s'en voulait à mort pour le mal qu'elle était en train de distiller. Elle sentit les larmes lui revenir aux bords de ses paupières. Elle s'adressa à Gae d'une voix tremblante.

"Bien.... Si c'est là ce que tu veux réellement!......Je ferais la commission auprès du proviseur et.......je te ficherai désormais la paix. Je sais ce qu'il me reste à faire!"

Puis elle prit délicatement la main de Shouta et l'enleva de son épaule. Sans un regard pour aucun des deux mâles, elle passa la porte de service et disparut dans les escaliers.

Le jeune professeur allait passer la porte lorsqu'il entendit son collegue lui parler. Il se retourna doucement, le visage aussi froid, calme et fermé que d'habitude. Il avait retrouvé sa facade mais a l'interieur il lui semblait que tout etait prit par la glace.

Je ne vois aucun conflit. Shiraki-senseï est une femme libre, elle n'a aucun comptes a me rendre. Elle sait ou me trouver si elle a besoin, et elle sait que ce que je ressens pour elle ne changera pas en un jour, ni en un an, ni en une vie.

Il la regarda une seconde, le coeur serré sans entendre ce qu'elle disait puis repris en direction de Shouta.

Par contre ne comptez pas sur moi pour vous laisser detruire l'être qui m'est le plus cher au monde. Je vous en empecherais même si pour cela je dois aller contre toutes les lois ou mes principes.

Son ton etait calme mais résolu. Il etait pret a enlever Mayu s'il le fallait, il pouvait concevoir qu'elle en aime un autre. Il pouvait l'imaginer heureuse avec Hatori.
Il se tourna avec Mayuko qui sortait.

Quitte a te savoir avec quelqu'un d'autre, je preferais te savoir avec Hatori.

Il savait que c'etait surement dura entendre pour Mayuko; que cela pouvait paraitre mesquin mais la seule chose qu'il souhaitait c'etait que son amie se souvienne qu'elle ne se contentait pas du tout venant (lui y compris) avant. Qu'elle avait promis de ne plus sortir avec quelqu'un "pour ne plus être seule"...si seulement elle pouvait le comprendre...
Peut être en demandant de l'aide a ce Shigure ?

Shouta sentit frémir Mayuko lorsqu’il posa sa main sur l’épaule de la jeune femme, mais ne dit rien, et ne la retira pas pour autant continuant de fixer son rival. Il écouta sans grande implication la phrase de Mayuko, prononcée faiblement, et la regarda « s’échapper » sans un geste, et sans une parole. Il restait donc seul avec Gaeyu. Il soupira et écouta ce que son collègue avait à dire, le trouvant particulièrement stupide. Ce dernier était sur le point de partir, mais s’était retourner lorsqu’il avait entendu Shouta l’interpeller.

(Mais qu’il se taise, comment peut il dire des choses sans intérêts de la sorte ! C’est vraiment pitoyable et insupportable !)

« Oh je vais pleurer, tant cette histoire est touchante ! nan vraiment tu te rends compte de ce que tu raconte, tu vas rester toute ta vie à attendre une femme alors qu’il y en a des millions ? A ton aise, mais tu ne remarque pas que c’est ce genre de réaction qui étouffe les femmes ? »

Il repensa alors à ce qu’avait dit l’homme au départ de Mayuko. Il avait mentionner un Hatori, encore un secret qu’il se ferait une joie de découvrir. Il ne supportait pas de faire partie d’une conversation sans comprendre de quoi il était question. Puis, lors des paroles de Gaeyu il éclata d’un rire sonore, et dit le visage fermé :

« Je n’ai pas besoin de ton approbation, je n’ai aucun respect pour toi alors qu’en a écouter, et suivre ce que tu as à me dire… »

Il commença à s’avancer et passant près de Gaeyu, il lui dit tout bas :

« Bien que ce ne soit pas dans mes intentions de faire du mal à Mayuko, inutile de préciser que je n’aurais aucun remords à en faire ce que je veux et sans y faire attention. »

Puis, il le bouscula de l’épaule, et descendit du toit, laissant seul le professeur de japonais. Il fit comme si il ne s’était rien passé, et déjà, son esprit commençait à réfléchir à tout autre chose, ayant tout de même une vague pensé pour Mayuko, avant de penser à comment pourrait il disséquer avec le plus d’instruments un petit lézard qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre proche.